Le compteur Linky pourrait faire chauffer la facture
D’ici à fin 2021, 90 % des ménages français seront équipés du compteur électrique Linky d’Enedis (ex-ERDF). A quel prix ? Dans son rapport 2018 dévoilé mercredi, la Cour des comptes estime que le principal acteur du marché de l’électricité en France va bénéficier « de conditions de rémunération avantageuses » grâce au déploiement des nouveaux appareils. Pour inciter Enedis à équiper la France dans le temps imparti, il a été décidé de « neutraliser » l’augmentation des tarifs liée à Linky jusqu’en 2021, date à laquelle la pose des nouveaux compteurs (gratuite, elle), devrait être quasiment achevée. Pendant ce temps, Enedis se « prive » volontairement d’une recette supplémentaire qu’elle aurait pu percevoir : elle fait donc un « crédit » à ses clients. Et, comme tout prêt, celui-ci génère des intérêts. Pour Enedis, « le taux d’intérêt de cette avance [faite aux clients] est de 4,6 % », indique la Cour des comptes. Une rémunération particulièrement avantageuse, puisque l’entreprise a elle-même emprunté une partie des 5,7 milliards d’euros nécessaires au projet, mais au taux de 0,77 %. Selon la juridiction financière, grâce à cette différence de taux d’intérêt, Enedis engrangera 506 millions d’euros, ce qui représenterait un surcoût pour les consommateurs. Toutefois, pour le président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), Jean-François Carenco, les gains « liés à la maîtrise de la demande d’énergie » et les améliorations permises par Linky (diminution du temps de coupure, interventions à distance, etc.), compenseront le surcoût.