20 Minutes (Marseille)

Le défenseur des droits

Avant d’être la terreur des buteurs de L1, Adil Rami faisait trembler les graffeurs de Fréjus

- Jean Saint-Marc

C’est ce qui s’appelle changer de monde. Il y a dix ans, Adil Rami se levait à l’aube et arpentait les rues de Fréjus pour nettoyer des graffitis. Aujourd’hui, il se balade, sapé comme jamais, dans les couloirs du Vélodrome, où il enchaîne les matchs de patron, avant de retrouver Pamela Anderson. Et on ne le croise plus trop dans les rues de la cité varoise. « Disons qu’il est discret, nuance Antoine Mancino, secrétaire général de l’Etoile Fréjus-Saint Raphaël. J’avais peur qu’il soit trop près de Fréjus, mais il sait faire la part des choses! » Adil Rami, qui a offert à sa mère une villa tout près de Fréjus, revient parfois, dans sa « belle bagnole ». Ça les étonne toujours un peu, aux vieux copains du défenseur, qui se souviennen­t de sa « 205 pourrie » et des années folles de sa jeunesse varoise. « Il rigolait tout le temps, raconte Mamadou Kané, fonctionna­ire-footballeu­r à Fréjus. Il était chambreur et savait que sa 205 était pourrie. Mais c’était une façon de se faire remarquer, comme de la frime à l’envers! Ils étaient une sacrée bande de copains, ils sortaient ensemble, buvaient des coups… »

« Pas un emploi fictif »

Un peu trop, même, puisqu’Adil Rami a raconté, quelques années plus tard, avoir fait une paire de tonneaux sur l’autoroute. « Il a vécu sa jeunesse, il a profité des copains, des copines, il n’était pas enfermé dans un centre de formation », glisse son entraîneur d’alors Daniel Bréard. Des copains qu’il voit moins, forcément. « Je sais ce que c’est, le monde pro. Je n’ai pas trop de nouvelles, mais si j’ai un souci, je sais qu’il sera présent », reprend Mamadou Kané. « On se croise parfois, embraye Antoine Goulard, son coéquipier à l’époque, expatrié au Luxembourg. On pouvait mettre une pièce qu’il réussirait dans le foot. Qu’il ferait une grande carrière, c’était plus audacieux. Mais sortir avec une star internatio­nale… » Hors des terrains, Rami était un détagueur de bonne heure. « Adil faisait ses heures à la mairie, c’était pas un emploi fictif », assure Daniel Bréard. « Il avait plus la tête au foot, mais il était assez sérieux », jure son ancien chef de service Lucien Agnel. Plus de dix ans plus tard, Adil Rami raconte ces années avec le sourire fier du gars qui en a bavé. A l’époque où ses boulettes avec les Bleus faisaient la une, il s’était agacé : « On fait tout un foin des erreurs que je fais. Mais je préfère être incendié dans ce monde qu’être à la mairie. » Ceux qui y sont restés pourront confirmer…

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Le Marseillai­s lors d’un rassemblem­ent des Bleus en octobre 2017.

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