Il lutte contre la radicalisation dans les lycées
Un spectacle dans les lycées vise à lutter contre la radicalisation
Aseize ans, Selman Reda se retrouve à la rue. Ce Marseillais d’origine marocaine a été mis à la porte par son père qui, au fil des années, impose à sa famille sa lecture littérale du Coran. Le jeune homme ne comprend pas, s’interroge, voit « la religion changer dans la famille »… et changer son quotidien, fait de nouvelles obligations. Un jour, son père lui dit : « Tu ne veux pas être un bon musulman, tu n’es plus mon fils. Dégage. »
Remettre dans le contexte
Aujourd’hui, Selman Reda a quarante ans. Devenu comédien, il a fait de cette expérience personnelle le point de départ d’un spectacle, Ne laisse personne te voler les mots, et s’est déjà produit depuis décembre dans une quinzaine de collèges et lycées. A la fois conte, biographie et conférence, la pièce, coécrite avec Michel André, s’attache à replacer le Coran dans son contexte de création, qu’il soit historique, social ou culturel. Avec un message en toile de fond : « Le sens du Coran était très clair pour des gens du VIIe siècle [date de l’apparition de l’islam], mais le problème, c’est que nous, on n’est pas des gens de cette époque. Les mots voyagent, et le Coran devient opaque, explique Selman Reda. On raconte tout et n’importe quoi sur l’islam, déplore le comédien. Certains deviennent violents. Des jeunes s’embarquent pour le Djihad en ayant lu quelques versets. L’idée est de mettre le Coran dans une perspective, donner quelques clés à ces jeunes, qui sont les plus influençables, qui chopent le plus de choses sur Internet, alors que les adultes ont un sens critique. » A chaque représentation, la pièce sert également de support à un débat avec les élèves présents. « Moi je suis musulmane, et ça m’a appris beaucoup de choses, confie Shaïma. Je vais approfondir par moimême, parce que le Coran est souvent mal interprété. Les terroristes s’appuient sur un Coran à leur sauce… Alors que l’islam, ce n’est pas ça. »