20 Minutes (Marseille)

Pas de ruée vers le vaccin contre la rougeole

L’épidémie provoque davantage une course aux renseignem­ents qu’aux vaccins

- A Bordeaux, Clément Carpentier

Dans le centre de vaccinatio­n médico-scolaire de la rue de Nuits à Bordeaux, c’est le calme plat. Malgré le décès d’une personne (une femme de 32 ans à Poitiers) contaminée par le virus de la rougeole et une épidémie qui ne cesse de se propager (387 cas de rougeole détectés en France depuis le 1er novembre) notamment en Nouvelle-Aquitaine, l’heure n’est pas à la panique. « On ne vaccine pas plus qu’avant l’épidémie. En revanche, on a plus d’appels pour avoir des informatio­ns sur cette maladie qui réapparaît », nous explique Marie Decroix, la médecin de ce centre après quelques consultati­ons matinales. Même son de cloche chez une autre Marie, la pharmacien­ne. Si elle n’a pas eu besoin d’augmenter ses commandes de vaccins contre la rougeole, elle observe que « de plus en plus de gens viennent pour vérifier s’ils sont bien à jour et notamment les parents qui ont des enfants. » Catherine, cliente venue pour un rhume, ajoute : « Un décès, ça fait toujours réfléchir, mais pourquoi s’inquiéter, la grande majorité des Français est vaccinée. Il ne faut pas s’alarmer. » A Bordeaux, 86 % des enfants à l’entrée en primaire sont protégés contre ce virus. Mais ce taux chute à 70-80% seulement en Nouvelle-Aquitaine alors que ,pour éviter toute épidémie, il faudrait atteindre les 95 % (lire ci-contre).

Les écoles, le point chaud

Dès qu’un cas suspect est signalé dans un établissem­ent, Marie Decroix y est appelée. Médecin scolaire, elle surveille 38 classes en même temps. Un dispositif qui « rassure un peu » Murielle, maman de Théo en CP. Car, en ce moment, elle « n’est pas vraiment sereine quand elle laisse son fils avec ses camarades, même s’il est vacciné. » Mais le plus gros changement depuis le début de l’épidémie, c’est l’attitude de certains parents, comme le soulignent la médecin et la pharmacien­ne. La première a remarqué que « ceux qui étaient réticents à propos des vaccins le sont beaucoup moins aujourd’hui. Vous arrivez bien plus facilement à les convaincre. » La deuxième a « senti qu’ils avaient pris peur. C’est bien, car il faut une vraie prise de conscience : la situation est grave et inquiétant­e. » Marie Decroix précise : « Je suis accord avec la ministre de la Santé de pousser les personnes à se faire vacciner, mais il faut expliquer pourquoi sans brutaliser. On doit parler de ces maladies qu’on ne connaissai­t plus. »

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« De plus en plus de gens viennent pour vérifier qu’ils sont bien à jour », confie Marie, pharmacien­ne à Bordeaux.

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