Un parasite ravage les grandes nacres de Méditerranée
BIODIVERSITÉ Le deuxième plus grand coquillage du monde est menacé par un parasite mortel
En Méditerranée, un coquillage, le deuxième plus grand du monde, est menacé de disparition. Le Pr Nardo Vicente, directeur scientifique de l’institut océanographique Paul Ricard, basé dans le Var, est très inquiet du sort de la grande nacre. « Je travaille sur ce coquillage depuis les années 1970. Un de mes anciens élèves, qui est désormais à Alicante en Espagne, a constaté une très forte mortalité de l’espèce depuis septembre 2016 », explique-t-il. Un phénomène qui entraîne une mortalité de 100% a pu être observé vers Valence, Murcie puis vers les îles Baléares. « C’est un parasite qui pond dans l’appareil digestif de la nacre, ce qui la tue. Il s’appelle Haplosporidium », détaille le professeur. Ce parasite est bien connu, il a largement décimé l’ostréiculture californienne. Selon le chercheur, il arriverait du Japon dans les eaux de ballast. Problème, le parasite ne s’arrêterait pas au sud de l’Espagne. « Il arrive en Catalogne où une forte mortalité a été constatée, ainsi que dans le Golfe d’Ajaccio », s’inquiète Nardo Vicente. Il se déplacerait au gré des courants.
Un appel aux plongeurs
Pour surveiller l’évolution du phénomène, le scientifique en appelle à tous les plongeurs de Méditerranée, amateurs comme professionnels, qui peuvent lui envoyer des photos à nardo.vincente@institut-paul-ricard. org. « Le but est de mettre en place un réseau de vigilance de Monaco à Perpignan. Ils m’envoient des photos de spécimen, j’ai donc des infos au jour le jour », se satisfait ce spécialiste de la nacre, qui les référence dans un catalogue. Pour l’instant, les nacres vont bien, mais Nardo Vicente ne baisse pas la garde. La mobilisation de ces acteurs a permis de sauvegarder les espèces d’Espagne qui pouvaient encore l’être. « Tous les laboratoires ont pu récupérer 250 nacres qui y vivent dans un milieu fermé pour maintenir l’espèce. » En plus d’être le deuxième plus gros coquillage du monde, derrière le bénitier géant, la nacre peut vivre jusqu’à 40 ans, et donc collecter autant de précieuses informations. « Elle a la fonction d’un enregistreur sur les paramètres du milieu. C’est une espèce clé de l’écosystème qui permet de voir l’évolution du milieu », prévient Nardo Vicente. Un coquillage d’autant plus important que le scientifique a constaté une disparition de près de 30 % de la biodiversité en Méditerranée depuis 1996.