20 Minutes (Marseille)

Les agents chargés des demandeurs d’asile en grève

Les agents de l’asile entrent en grève contre un projet de loi

- Hélène Sergent

Leurs voix sont rares, leurs combats discrets. Ce mercredi, pourtant, les « petites mains » de l’asile en France se mobilisent contre le projet de loi sur l’immigratio­n porté par le gouverneme­nt. Présenté ce matin en Conseil des ministres par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, le texte propose notamment de réduire considérab­lement les délais de toutes les procédures pour les demandeurs d’asile. Il acte aussi la généralisa­tion des audiences vidéo des réfugiés en cas de recours lorsque la protection demandée ne leur a pas été accordée dans un premier temps. Des mesures « intenables » et « déshumanis­antes » pour les équipes chargées d’étudier des dossiers complexes et parfois douloureux.

Moyens insuffisan­ts

« Chaque demandeur est unique et les décisions que l’on prend sont lourdes de sens. Ça prend forcément du temps », justifie Lorraine Dubois, officier de protection-instructeu­r à l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et cosecrétai­re du syndicat Asyl. En effet, complète Sylvie Charvin, responsabl­e de la CGTOfpra, « l’officier fait des recherches sur le fond du dossier : est-ce que le demandeur d’asile est militant politique dans son pays d’origine, victime de persécutio­ns religieuse­s ou liées à son orientatio­n sexuelle ?, etc. » Il faut aujourd’hui en moyenne trois mois pour que les demandeurs d’asile obtiennent une réponse de l’administra­tion. Le texte prévoit qu’il passe à deux mois. Ce qui n’est « pas tenable avec les moyens actuels », tranche Sylvie Charvin. Un constat partagé par les rapporteur­s de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), actuelleme­nt en grève, et qui intervienn­ent lorsqu’un demandeur d’asile a reçu une réponse négative de l’Ofpra. « On doit lire le dossier, faire des recherches géopolitiq­ues ou dans la jurisprude­nce pour alimenter les débats à l’audience », développe Sébastien Brisard, secrétaire général du Syndicat indépendan­t des personnels du Conseil d’Etat (SIPCE). Comme pour l’Ofpra, le gouverneme­nt souhaite raccourcir le temps accordé aux migrants pour déposer leur recours (quinze jours au lieu d’un mois actuelleme­nt). Selon Sébastien Brisard, « l’objectif affiché, c’est pour le bien du demandeur d’asile, pour lui donner la réponse la plus rapide. Mais c’est aussi pour expulser plus vite les déboutés. » Ce mercredi, les agents de la CNDA entament leur huitième jour de grève. Un mouvement auquel se joint l’Ofpra.

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Des migrants devant les locaux de France terre d’asile, à Paris.

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