« Mary et la fleur de la sorcière » charme par sa magie
« Mary et la fleur de la sorcière » met en scène un personnage attachant
On pourrait croire Mary et la
fleur et de la sorcière tout droit sorti de l’antre d’Hayao Miyazaki aux studios Ghibli. Le nouveau film de Hiromasa Yonebayashi, le réalisateur de Souvenirs de Marnie, vient pourtant d’un autre studio, Ponoc, créé en 2015. Mais le charme de son héroïne est digne des meilleures enchanteresses miyazakiennes. Gamine un brin garçon manqué, Mary s’y découvre des pouvoirs magiques après avoir déniché une fleur ensorcelée. Pour autant, elle refuse obstinément d’en tirer parti contre une vilaine Carabosse cupide. « C’est une jeune héroïne couillue, dans la lignée de celles de Miyazaki », explique Matthieu Pinon, coauteur de l’ouvrage érudit Un
siècle d’animation japonaise (éd. Ynnis). Il est vrai que cette gamine dynamique semble avoir bénéficié de l’influence du maître dont Yonebayashi-san fut longtemps le collaborateur. Quand Hayao Miyazaki a lancé la mode des filles fortes dans l’animation japonaise avec Nausicaä de la vallée du vent (1984) et Le Château dans le ciel (1986), « l’héroïne de ce dernier film s’y promenait en pantalon et on ne voyait même pas sa culotte : une révolution ! » s’amuse Matthieu Pinon.
Péripéties fantastiques
Mary a retrouvé le goût pour les minijupes des demoiselles de l’animation japonaise, mais cela ne l’empêche pas d’avoir son caractère bien à elle. « Elle se rapproche des studios Ghibli par sa détermination, mais s’en éloigne par son refus de la magie, analyse Matthieu Pinon. Comme si Yonebayashisan voulait en même temps rendre hommage à Miyazaki et s’en démarquer. » Mary demeure cependant aussi innocente et asexuée que Ponyo, Kiki ou Chihiro. « Cette tendance allait à contre-courant quand Miyazaki l’a lancée, mais elle est maintenant pleinement acceptée, précise Matthieu Pinon. Les filles n’ont plus à être considérées comme des potiches sexy, voire des objets sexuels, pour exister dans l’animation japonaise. » Et cette fille forte constitue un excellent modèle pour les jeunes spectatrices.