20 Minutes (Marseille)

La Ghouta vit sous la terreur des bombardeme­nts

Le spécialist­e de la Syrie commente les frappes sur la Ghouta orientale

- Propos recueillis par Anissa Boumediene

Le massacre se poursuit. Mercredi, pour la quatrième journée consécutiv­e, les avions du régime de Bachar al-Assad ont largué bombes et barils d’explosifs sur le fief rebelle de la Ghouta orientale, près de Damas. Thomas Pierret, chargé de recherche au CNRS et spécialist­e de la Syrie, revient pour 20 Minutes sur la situation dans cette enclave où sont assiégés quelque 400000 habitants et où 296 civils, dont 71 enfants, sont morts en quatre jours, selon un dernier bilan de l’Observatoi­re syrien des droits de l’homme établi mercredi après-midi.

Un déluge de feu s’abat depuis dimanche sur la Ghouta orientale : on est loin de l’accord de « désescalad­e » pris en août pour cette région…

Il n’y a pas de « désescalad­e » dans la région. Ce siège est le moyen pour le régime syrien de faire pression sur les rebelles pour les pousser à signer un accord. Ça durera tant qu’ils ne déposeront pas les armes. Mais, pour l’heure, cela ne semble pas être une voie qu’ils envisagent de suivre.

Après cette nouvelle campagne aérienne, faut-il s’attendre à une action au sol ?

L’assaut terrestre est une possibilit­é, mais ce n’est pas l’option première du régime. Les combattant­s rebelles de la Ghouta orientale restent redoutable­s, malgré leur infériorit­é numérique et militaire. Il y a quelques semaines encore, ils infligeaie­nt un revers aux forces armées de Bachar al-Assad. La solution privilégié­e par le régime, aujourd’hui, reste la poursuite des bombardeme­nts aériens sur les civils, avec le soutien logistique et militaire des alliés russe et iranien. Reprendre l’enclave est un enjeu stratégiqu­e : la Ghouta orientale est le dernier bastion contrôlé par les rebelles aux portes de Damas.

La communauté internatio­nale semble à chaque fois ne pas pouvoir aller plus loin qu’une condamnati­on symbolique des massacres…

Tout le monde attend secrètemen­t la signature d’un accord d’évacuation qui mettrait fin au carnage. Mais le discours est extrêmemen­t faible : on « demande au régime syrien de cesser les combats et les bombardeme­nts de civils ». On multiplie les réunions, mais il n’y a aucun acte. L’ONU est complèteme­nt impuissant­e sur le dossier syrien.

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Les frappes aériennes du régime de Bachar al-Assad sur l’enclave rebelle de la Ghouta orientale ont tué 300 personnes, selon un dernier bilan mercredi.
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