20 Minutes (Marseille)

Les revendicat­ions salariales suivent la croissance

L’améliorati­on de la situation économique n’entraînera pas forcément d’augmentati­ons

- Nicolas Raffin

Après des années moroses, la bonne croissance observée en 2017 en France (+1,9 %) va-telle se traduire sur les bulletins de paie? Le cabinet Deloitte est plutôt optimiste. Dans son étude parue mardi sur le sujet, il note que « les sociétés prévoient une augmentati­on [salariale] de 2 %, toutes population­s confondues [cadres et non cadres] ». Une première depuis 2011. Sera-t-elle jugée suffisante? Pas pour les syndicats d’Air France-KLM en tout cas. Alors que l’entreprise a vu son bénéfice progresser de 42 % l’année dernière (1,48 milliard d’euros, dont 588 millions pour la partie française), la quasi-totalité des représenta­nts du personnel appellent à la grève ce jeudi. Les pilotes et les personnels de cabine et au sol réclament une augmentati­on générale de 6 %, quand la direction propose seulement 1 %, en plus d’augmentati­ons au cas par cas. « Il y a toujours un décalage entre les attentes des salariés et les enveloppes budgétaire­s prévues par les entreprise­s, rappelle Jean-Philippe Gouin, associé chez Deloitte. C’est une petite hausse, mais cela veut dire que les entreprise­s reprennent confiance. »

Fini le « saupoudrag­e »

Pour les négociatio­ns, les syndicats français peuvent prendre exemple sur l’Allemagne. Début février, IG Metall, puissant syndicat de la métallurgi­e, a obtenu une augmentati­on générale des salaires de 4,3 %, en plus d’un droit à la semaine de vingt-huit heures. « Les revenus des travailleu­rs doivent suivre la hausse du coût de la vie et le développem­ent économique », a estimé Marlis Tepe, leader du principal syndicat d’enseignant­s en Allemagne, qui réclame aussi une hausse de la rémunérati­on des fonctionna­ires. « Ce ne sont pas les mêmes circonstan­ces qu’en France, rappelle Denis Ferrand, économiste et directeur général de Coe-Rexecode. En Allemagne, le taux de chômage est bas, et de nombreuses entreprise­s ne peuvent pas augmenter leur production, faute de personnel. » Autre différence : en France, les hausses générales sont plus maigres. « Les augmentati­ons sont de plus en plus individual­isées, poursuit Jean-Philippe Gouin. Plutôt que de faire du saupoudrag­e, les entreprise­s vont préférer augmenter largement leurs meilleurs salariés, quitte à donner beaucoup moins, voire rien du tout, aux autres. » Face à des salariés qui pourraient se sentir dévalorisé­s, les employeurs pourront jouer sur d’autres arguments, « comme l’intéressem­ent ou l’améliorati­on de la qualité de vie au travail ». Pas forcément de quoi convaincre ceux qui n’ont pas eu d’augmentati­on…

 ??  ?? En France, les hausses de salaire sont de plus en plus individual­isées.
En France, les hausses de salaire sont de plus en plus individual­isées.

Newspapers in French

Newspapers from France