Sois belle et patine
Maquillages très travaillés, coiffures élaborées, costumes échancrés... L’apparence des patineuses paraît primordiale. Au point de confiner au sexisme ?
Sois belle, patine et tais-toi. L’univers du patinage artistique serait-il sexiste? «Il y a beaucoup de pression sur la façon dont les filles présentent leur corps, nous expliquait deux semaines avant le début des Jeux olympiques la patineuse française Gabriella Papadakis, médaillée d’argent en danse sur glace avec son partenaire Guillaume Cizeron, mardi. Cette pression n’existe pas forcément chez les hommes. C’est quelque chose qui doit encore évoluer. » Lors du programme court, lundi, la jeune Française au visage parfaitement maquillé arborait une robe non moins sophistiquée, contrastant avec la tenue noire de son complice au style, certes impeccable mais moins apprêté. « Je ne dis pas qu’aucune femme dans le milieu du patinage ne fait l’objet de misogynie, rétorque Guillaume Cizeron. Mais c’est un sport qui est esthétique et où il n’y a pas de misogynie dans son essence. » Philippe Candeloro, contacté par 20 Minutes, justifie le strass et les paillettes des patineuses par les origines culturelles de la discipline : « Ça fait partie de notre univers. C’est une danse de société sur la glace qu’on fait. Si vous enlevez tout ça, vous n’avez plus le charme de la création de ce truc-là. » Les vêtements excentriques de Gabriella Papadakis et de ses consoeurs présentent néanmoins l’avantage de les mettre en avant. « Les hommes, on les regarde moins car ils sont plus neutres, ils sont habillés en noir, le haut, le pantalon, ça brille moins », confie Candeloro. Au point de donner à l’homme la sensation d’être un personnage secondaire du spectacle. « Pour les hommes, je dirais même qu’il y a un peu un rôle de potiche, même si c’est moins vrai maintenant, raconte Guillaume Cizeron. Et la femme en bénéficie, dans le sens où ce sont elles, les déesses. On voit parfois les femmes danser plus que les hommes, tout simplement parce qu’elles sont meilleures. ». Nelson Monfort abonde dans son sens : « En patinage, aux Mondiaux de Moscou, les compétitions dames ont été les plus belles et les plus relevées. » Pour revenir sur le terrain de l’égalité des sexes, Gabriella Papadakis rappelle que « les portés sont autorisés dans les deux sens ». Tout comme il arrive que des femmes portent des pantalons pendant leurs programmes. Mais, curieusement, aucune aspirante à l’or n’a jusqu’ici eu l’audace d’en faire de même.
« Les hommes, on les regarde moins car ils sont plus neutres. » Philippe Candeloro