L’ailleurs vu d’autrefois
« Peintures des lointains » réunit des oeuvres de L’Exposition coloniale de 1931
Il y a cent ans, pour se figurer les paysages du monde entier, il fallait faire confiance aux peintures de ceux qui étaient partis à leur découverte de l’autre côté de la Terre. Jusqu’au 6 janvier 2019, le musée du quai Branly-Jacques Chirac, à Paris (7e), propose l’exposition « Peintures des lointains »*, avec des oeuvres issues de l’Exposition coloniale de 1931.
Peintres de propagande
« Ces oeuvres étaient utilisées dans des expositions de propagande pour les Français, explique Sarah Ligner, conservatrice du patrimoine et commissaire de l’exposition. Certains des peintres voyageaient indépendamment, d’autres étaient peintres de marine ou étaient envoyés en mission par le ministère des Colonies au XIXe siècle. Au XXe siècle, certains recevaient aussi des bourses de séjour. » Dans les premières galeries de l’exposition, l’attention se porte sur un tableau dont la lumière qui s’en dégage semble réelle. « L’artiste [Prosper Marilhat] de
Mosquée dans la Basse-Egypte est allé au Caire. Il s’est inspiré de beaucoup de choses dans l’environnement et n’a réalisé ses croquis qu’en rentrant chez lui », explique la conservatrice. Certains artistes ont tenté de peindre la réalité uniquement par le biais de l’imagination. Jean Dunand, artiste décorateur, a ainsi créé un décor qui évoque la faune et la flore exotiques. « C’est un peu comme Le Douanier Rousseau : il n’a jamais voyagé dans des pays lointains, s’amuse Sarah Ligner. Pourtant, Jean Dunand travaille la laque, une technique du Moyen-Orient encore utilisée au Japon. » A l’instar d’un rapide passage sur Instagram avec les motsdièse #trip ou #voyage, l’exposition « Peintures des lointains » permet de remonter le temps et faire voyager sur plusieurs continents : l’Asie, l’Afrique, l’Amérique. * 37, quai Branly, Paris (fermé le lundi). 7/10 €.