« Chaque soir, il va falloir créer avec le public »
Le chanteur sort un album acoustique, « Vous & moi »
«Retirer l’écorce de mes chansons, vous les confier autrement. Réinventer, toujours réinventer. » Rien ne se perd, tout se transforme, même des tubes multidiffusés à la radio, nous dit Julien Doré. Il revient avec Vous & moi, un album paru vendredi constitué de reprises acoustiques des morceaux de sa dernière production, &, sortie en 2016. Ce succès a inspiré un rappel intimiste à l’artiste, qui entamera une série de concerts dès avril.
Quel a été le déclic qui vous a décidé à livrer ces versions acoustiques ?
Ces chansons ont voyagé pendant des mois en tournée. Elles sont passées par divers arrangements pour la scène. Dans leur version acoustique, elles racontent une histoire totalement différente. C’est cela qui m’a donné envie de les réenregistrer sous une forme plus proche de celle du stade de l’écriture, qu’on ne dévoile jamais.
La quasi-totalité des chansons de Vous & moi figure sur votre album &, qui vient d’être auréolé d’un disque de diamant…
C’est mon premier, c’est complètement fou. J’ai l’impression que l’histoire a débuté avec l’album précédent,
Løve. L’équipe artistique s’est soudée d’une façon très simple – on se connaît depuis plus de dix ans – et quelque chose s’est passé avec le public. Quand on a fait la dernière date de la tournée à Bercy en décembre, je savais que ce seraient mes plus beaux souvenirs artistiques. Je ne pouvais pas me faire à l’idée que ça s’arrêtait là. J’avais envie que la pente soit un peu plus douce pour finir, de continuer ce partage de façon intime.
Vous pourriez songer à dire adieu à la musique ?
La musique me tient réveillé, vivant et me donne le sentiment d’être utile, actif. C’est viscéral. Sans elle, je ne saurais pas faire avec mes émotions, avec ce que je suis. Ce qui est certain, c’est qu’enchaîner les albums ne m’obsède pas. Pour la suite, je ne sais pas du tout ce qui va arriver, mais c’est bien, très sincèrement. J’ai besoin de temps, de comprendre ce qu’il s’est passé, de repartir de zéro. Le fait de revenir sur scène seul est une prise de risque en soi.
Ce sera une occasion de découvrir un autre Julien Doré ?
Oui, même si je n’ai pas trop tendance à cacher des facettes de moi-même. Ce sera une autre façon d’approcher le spectacle vivant : je vais jouer dans de nombreux théâtres, et il n’y aura pas de scénographie travaillée pendant des mois. La matière sera l’improvisation et le feeling. Il va falloir créer chaque soir quelque chose avec le public.
Chaque concert sera donc, d’une certaine manière, « unique »…
C’est là qu’il y a une grande excitation. J’ai envie de jouer plein de chansons, mais tout pourra évoluer en une fraction de seconde. La tournée précédente, c’était une très grosse machinerie, on prenait beaucoup de plaisir mais on dépendait de la vidéo, des effets spéciaux. Là, ce sera totalement libre.