20 Minutes (Marseille)

« Je n’ai jamais appelé à la haine »

L’imam de la mosquée As Sounna se confie en exclusivit­é à « 20 Minutes »

- Propos recueillis par Adrien Max

L’imam salafiste El Hadi Doudi, de la mosquée As Sounna, doit comparaîtr­e ce mercredi devant une commission d’expulsion. Les autorités lui reprochent des prêches radicaux et des départs de fidèles vers la Syrie. Il s’explique en exclusivit­é à 20 Minutes.

Que répondez-vous aux accusation­s de la préfecture de police ?

Ils disent que les personnes qui sont parties ont fréquenté ma mosquée. Oui, ils sont déjà venus mais je ne les connaissai­s pas personnell­ement, ils fréquentai­ent aussi d’autres mosquées. De manière générale, ceux qui partent ne viennent pas à la mosquée, ils nous considèren­t comme des mécréants alliés au gouverneme­nt. Quand on regarde le nombre de départs dans d’autres villes, si j’avais appelé au départ, beaucoup plus de personnes seraient parties.

Qu’en est-il de vos prêches qui sont qualifiés de radicaux ?

Je n’ai jamais appelé à la haine envers une quelconque communauté. Le préfet me reproche d’avoir parlé contre les chiites, mais j’ai juste expliqué la différence avec les sunnites. Elles existent depuis des siècles et sont expliquées dans des livres qu’on trouve à la bibliothèq­ue. Pourquoi quand nous, on en parle, on est accusé d’attiser la haine ? Nous avons traduit les prêches contre le terrorisme pour que les fidèles les comprennen­t.

Etes-vous étonné de la position de la préfecture de police ?

Bien sûr, je n’ai jamais eu aucun problème ni avec eux, ni avec personne. J’ai travaillé avec les RG pendant quarante ans. Ils venaient chez moi, j’avais leurs noms, leurs numéros de téléphone. J’ai toujours conseillé à mes fidèles de prévenir la police s’ils connaissai­ent quelqu’un qui aurait voulu nuire.

Pensez-vous que cette décision est politique ?

90% des Français ne savent pas ce qu’est le salafisme. Ils pensent que les salafistes sont des djihadiste­s alors qu’il y a beaucoup de différence­s entre les salafistes et les autres mouvements. C’est ce que j’explique dans mes prêches. Donc oui, je pense qu’il s’agit d’une décision politique.

En cas d’expulsion, est-ce que les djihadiste­s gagneraien­t du terrain ?

Oui, c’est possible. La plupart de ces gens ne recrutent pas dans les mosquées publiques comme As Sounna. Si la mosquée ferme, les gens seront plus tentés d’aller sur Internet où les djihadiste­s recrutent en masse.

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La mosquée As Sounna est fermée administra­tivement pour six mois.

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