« Je n’ai jamais appelé à la haine »
L’imam de la mosquée As Sounna se confie en exclusivité à « 20 Minutes »
L’imam salafiste El Hadi Doudi, de la mosquée As Sounna, doit comparaître ce mercredi devant une commission d’expulsion. Les autorités lui reprochent des prêches radicaux et des départs de fidèles vers la Syrie. Il s’explique en exclusivité à 20 Minutes.
Que répondez-vous aux accusations de la préfecture de police ?
Ils disent que les personnes qui sont parties ont fréquenté ma mosquée. Oui, ils sont déjà venus mais je ne les connaissais pas personnellement, ils fréquentaient aussi d’autres mosquées. De manière générale, ceux qui partent ne viennent pas à la mosquée, ils nous considèrent comme des mécréants alliés au gouvernement. Quand on regarde le nombre de départs dans d’autres villes, si j’avais appelé au départ, beaucoup plus de personnes seraient parties.
Qu’en est-il de vos prêches qui sont qualifiés de radicaux ?
Je n’ai jamais appelé à la haine envers une quelconque communauté. Le préfet me reproche d’avoir parlé contre les chiites, mais j’ai juste expliqué la différence avec les sunnites. Elles existent depuis des siècles et sont expliquées dans des livres qu’on trouve à la bibliothèque. Pourquoi quand nous, on en parle, on est accusé d’attiser la haine ? Nous avons traduit les prêches contre le terrorisme pour que les fidèles les comprennent.
Etes-vous étonné de la position de la préfecture de police ?
Bien sûr, je n’ai jamais eu aucun problème ni avec eux, ni avec personne. J’ai travaillé avec les RG pendant quarante ans. Ils venaient chez moi, j’avais leurs noms, leurs numéros de téléphone. J’ai toujours conseillé à mes fidèles de prévenir la police s’ils connaissaient quelqu’un qui aurait voulu nuire.
Pensez-vous que cette décision est politique ?
90% des Français ne savent pas ce qu’est le salafisme. Ils pensent que les salafistes sont des djihadistes alors qu’il y a beaucoup de différences entre les salafistes et les autres mouvements. C’est ce que j’explique dans mes prêches. Donc oui, je pense qu’il s’agit d’une décision politique.
En cas d’expulsion, est-ce que les djihadistes gagneraient du terrain ?
Oui, c’est possible. La plupart de ces gens ne recrutent pas dans les mosquées publiques comme As Sounna. Si la mosquée ferme, les gens seront plus tentés d’aller sur Internet où les djihadistes recrutent en masse.