20 Minutes (Marseille)

La dégradatio­n des terres est alarmante

BIODIVERSI­TÉ Un rapport mondial inédit alerte sur les conséquenc­es de la dégradatio­n des sols

- Fabrice Pouliquen

Après trois ans de travail et l’investisse­ment d’une centaine de chercheurs issus de 45 pays, la Plateforme intergouve­rnementale sur la biodiversi­té et les services écosystémi­ques (IPBES), réunie en session plénière à Medellín (Colombie), a rendu public lundi un rapport inédit et alarmant sur la dégradatio­n des terres au niveau mondial. Par « terres », Florent Kohler, anthropolo­gue franco-brésilien coordinate­ur du chapitre du rapport, entend « les II sols, mais aussi tout ce qui les recouvre : forêts, pâturages, réseaux hydriques… » Et par « dégradatio­n », Robert Watson, le président de l’IPBES interrogé par l’AFP, entend, lui, « la transforma­tion de toute végétation originelle. Cela peut être la reconversi­on d’une forêt en terre agricole (…), d’une mangrove en élevage de crevettes. » Ainsi, la dégradatio­n des terres est essentiell­ement due aux activités de l’homme. Elle a des conséquenc­es, par exemple, sur la sécurité alimentair­e et l’approvisio­nnement en eau, qui affecte d’ores et déjà le bien-être de 3,2 milliards de personnes. « La perte de fertilité des terres, dues au surpâturag­e, aux intrants chimiques, à l’érosion ou à la sécheresse pourrait provoquer une baisse de 10 % des rendements agricoles d’ici trente ans », avertit Florent Kohler.

Des millions de déplacés

Et la France n’est pas épargnée. « En 2016, le rendement des céréales avait diminué de 10 % par rapport à 2015 sans que cela s’explique uniquement par des événements climatique­s, rappelle Hélène Soubelet, directrice de la Fondation pour la recherche et la biodiversi­té (FRB). La baisse de fertilité des sols entrait aussi en compte. » La dégradatio­n des terres pourrait aussi contraindr­e au moins 50 millions de personnes à migrer d’ici à 2050, et jusqu’à 700 millions si les humains continuent à détériorer la source de leur subsistanc­e. Au-delà du constat, le rapport de l’IPBES formule une série de recommanda­tions pour une gestion plus durable des terres, susceptibl­e de préserver ces dernières ainsi que leur potentiel productif afin de nourrir une population croissante. D’ailleurs, « les bénéfices de cette restaurati­on excèdent de loin le coût de l’inaction », insistent les scientifiq­ues. « En Europe, souligne Hélène Soubelet, les solutions passent par le développem­ent des pratiques agro-écologique­s, utilisant moins de pesticides et n’ayant pas recours au labour profond. Cette technique est destructri­ce pour les sols. »

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Début de la moisson du blé dans un champ de Bourgogne, l’été dernier.

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