Pourquoi le «shadow cabinet» à la française n’a jamais vu le jour
Marine Le Pen entend montrer qu’elle se prépare au pouvoir. Samedi, la pa-
tronne du FN a réuni son premier bureau national, une sorte de « shadow cabinet », selon Le Figaro. Dans la pratique parlementaire britannique, ce « cabinet fantôme » est constitué des membres les plus importants d’un parti d’opposition qui surveillent et critiquent l’action d’un ministre du gouvernement. Un terme que les frontistes refusent d’assumer, tout comme les républicains, qui ont lancé une opération similaire. Jusqu’à présent d’ailleurs, en France, la greffe n’a jamais bien pris. « Entre 2002 et 2007, nous avons connu cinq ans d’opposition rude, sans forcément donner des contre-propositions aux Français, se souvient l’ex-député PS Gaëtan Gorce. Alors, après l’élection de Sarkozy, on a réfléchi à construire une opposition plus structurée pour mieux faire entendre les savoir-faire des uns et des autres sur les dossiers dont ils avaient la charge. » Les querelles internes ont eu raison du « shadow cabinet » de Jean-Marc Ayrault, alors chef des députés socialistes. En 2010, François Bayrou a dégainé aussi l’idée d’un contre-gouvernement pour répondre « aux accusations de solitude » du centriste. Sans succès là non plus. « Cela ne peut pas fonctionner, car l’opposition est plurielle, observe Gaëtan Gorce. Il faut aussi se mettre d’accord sur le leader du “shadow cabinet”, c’est-à-dire le futur candidat à la présidentielle. »