Après le drame, Simon Billy part en quête de record
Un an après sa terrible chute, Simon Billy va tenter de battre le record du monde de vitesse
C’est complètement idiot, le sport de haut niveau. Vous avez entendu cent fois que, franchement, regarder 22 millionnaires jouer à la baballe, ça n’avait aucun intérêt. C’est plus rare quand ce genre de remarque sort de la bouche d’un sportif directement. « Mettre sa vie en danger pour un record du monde, c’est absurde, non ? » Introspection de lit d’hôpital, il ya à peu près un an. Simon Billy a trois entorses, une élongation, une luxation, et toujours pas de record du monde à son palmarès.
« J’aime trop ça »
Le 30 mars 2017, il s’est vu mourir. Un ski qui, à 210 km/h, se plante sous la neige trop molle de la piste de Chabrières, à Vars (Hautes-Alpes). La chute, le casque qui vole, les roulésboulés. La vidéo de la scène ne dure que trente secondes – pour plusieurs dizaines de milliers de vues sur Internet. Le pantin désarticulé arrivera tout en bas de la piste, presque au ralenti. Ce jeudi, le Varsinc de 26 ans va la remonter, s’installer dans la petite cabine de chronométrage, enfiler son étrange combinaison de latex, son casque conçu en soufflerie, fermer longuement les yeux et tenter d’aller battre le record du monde de l’Italien Ivan Origone : 254,958 km/h. « J’aime trop ça, nous a-t-il expliqué entre deux entraînements… J’ai pensé à arrêter, mais le ski de vitesse, c’est comme une vague qui forçait le passage. Je ne pouvais pas lutter ! » C’est somme toute logique : la « vague » a déferlé sur la côte atlantique, alors qu’il était à Capbreton, au Centre européen de rééducation du sportif (Cers). Entre deux selfies avec le Marseillais Grégory Sertic, qui soignait sa cheville, Simon Billy se battait pour retrouver l’extension de son coude. Et son envie de remonter sur les skis. « Son moral faisait un peu les montagnes russes », raconte son préparateur physique Cédric Maquaire. C’est « classique » chez les sportifs : « Quand ils font des progrès rapidement, tout va bien, mais les jours où ça n’avance pas, ils sont déprimés ! » L’extension est revenue, l’envie aussi. « Il s’est remis d’aplomb », lâche Louis Billy, plus jeune, plus taiseux, mais skieur comme son frère. Louis a aussi connu la chute, en 2014, et n’a pas encore retrouvé son niveau. Simon galère aussi – « J’ai même été battu par des filles », explique-t-il –, mais part avec un avantage sur ses concurrents. « Il y a deux catégories en ski de vitesse : ceux qui sont tombés et ceux qui vont tomber. Moi, c’est fait. »