20 Minutes (Marseille)

Les médias, le fer de Lance

L’Américain, déchu de ses sept victoires sur le Tour, prépare son retour dans le milieu

- Julien Laloye, avec William Pereira

Les organisate­urs du Tour des Flandres avaient eu l’idée du siècle : inviter Lance Armstrong pour la course, dimanche. Mais l’Américain a eu des soucis d’ordre familial et n’honorera pas le Ronde de sa présence. Dommage. L’ancien coureur avait prévu tout plein d’amabilités. Notamment pour le boss de l’Union cycliste internatio­nale (UCI) David Lappartien­t, qui voulait boycotter la course. « On a un président qui s’arroge le droit de décider qui a le droit de compter dans le vélo ou pas, assurait l’ex-chef de file de l’US Postal. Jalabert ? OK. Armstrong ? Pas possible. Moi, ce que je veux, c’est qu’on ait une vraie conversati­on à propos du dopage, une sorte de commission vérité et réconcilia­tion. » Le retour d’Armstrong au Tour des Flandres n’était que le premier étage de la fusée censée refaire du tyran un acteur majeur du peloton, depuis une cabine de commentate­ur. On peut imaginer que, dans les mois à venir, les médias vont se presser pour l’engager comme consultant sur la Grande Boucle. D’autant que l’intéressé ne cracherait pas sur un peu d’argent, alors que la justice s’apprête à lui demander de rembourser 100 millions d’euros.

« Des choses à prendre »

« Commenter avec Armstrong, ça pourrait être intéressan­t, mais est-ce que j’ai envie d’écouter Armstrong ? évoque Patrick Chassé, commentate­ur sur La chaîne L’Equipe. Il est marqué par une tache indélébile. Mais c’était valable pour Virenque. Ça ne m’a pas empêché de travailler avec lui. » Pour l’ancien coureur Steve Chainel, qui officie sur Eurosport, « Armstrong aux commentair­es, ça ne serait pas une escroqueri­e. Il y a des choses à prendre de lui : son profession­nalisme, sa science tactique, son travail en soufflerie. » Pour le moment, il se contente de produire un podcast « Stages », qui fait quand même 300 000 auditeurs pendant le Tour. Et l’Américain n’hésite pas à y régler des comptes. « Le cyclisme est le seul sport où les coureurs ne sont pas protégés, assure-t-il dans un épisode. Il faut se demander pourquoi cela fonctionne comme une république bananière. » Le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) en prend aussi pour son grade : « MPCC, je ne sais même pas ce que ça veut dire. C’est une nouvelle force de police ou quoi ? » Un Armstrong provoc à fond, qui ferait le consultant idéal. « Ce sont souvent les meilleurs faussaires qui sont les mieux armés pour savoir comment ça marche », conclut Steve Chainel.

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Pour le moment, Armstrong donne sa vision du cyclisme dans des podcasts.

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