La mairie donne son feu vert à la privatisation
Patrimoine La villa Valmer va devenir un hôtel de luxe
Un bien public de quarante ans bientôt privatisé jusqu’en… 2078. Le conseil municipal a attribué lundi la villa Valmer, construite en 1865, au promoteur Pierre Mozziconacci, pour la transformer en hôtel-restaurant de luxe. Le promoteur devrait obtenir un bail emphytéotique de soixante ans, contre un investissement de 15 millions d’euros, puis un loyer de 300 000 €, avec une part variable sur les bénéfices. Selon Dominique Vlasto, adjointe au tourisme, la cession de la villa Valmer était devenue inévitable : « Il y a d’énormes trous au premier étage, le bâtiment est dans un état de décrépitude avancée et la mairie n’a pas les moyens de l’entretenir. Il s’agit de sauver le patrimoine. » Tout en profitant de cet argument pour développer le tourisme. « Nous devons augmenter le nombre de chambres d’hôtels, particulièrement de luxe, pour faire rayonner la ville. Ils déboursent deux millions d’euros pour la promotion de leur établissement, donc indirectement de Marseille », avance l’élue. Derrière ces arguments, beaucoup s’insurgent du manque de concertation. « Cette majorité a été élue avec une forte abstention, nous nous attendions à de la concertation, or il n’en est rien. Pas plus que de la transparence, aucun document du projet ne figure en annexe de la délibération », regrette Hervé Menchon, conseiller d’arrondissement Europe-Ecologie Les Verts. Jean-Claude Rostain, président de la fédération des CIQ du 7e arrondissement, avoue ne pas avoir été du tout consulté. « Nous avons appris la nouvelle dans La Provence. Les riverains sont inquiets, ils ne voient aucun aspect positif dans ce projet », affirme-t-il. La mairie a garanti que seul 10 % du parc, dont le bâtiment, sera privatisé, mais la délibération évoque plutôt 7 000 m2 sur 17 000. « Les mariés pourront faire des photos, le jardin d’enfants ne bougera pas et il n’y aura pas d’accès privatif à la mer », a néanmoins promis Dominique Vlasto. Même constat de manque de concertation du côté de l’UMIH 13, le syndicat des hôteliers, qui balaye l’argument de l’attractivité. « La mairie ne prend pas en compte les ouvertures déjà programmées, et il y en a beaucoup. Il ne suffit pas d’hôtels, il faut ajouter d’autres ingrédients comme une marina, un casino. Ce que nous regrettons le plus, c’est l’absence de concertation avec la mairie sur ces projets », explique Nicolas Guyot, vice-président de l’UMIH 13. Pas d’inquiétude pour Dominique Vlasto, qui promet : « On se retrouvera tous pour le cocktail d’inauguration. »
« Il s’agit de sauver le patrimoine et de faire rayonner la ville. » Dominique Vlasto, adjointe au tourisme