20 Minutes (Marseille)

Le quotidien d’un collège raconté par une surveillan­te

L’exsurveill­ante Nora Bussigny a écrit un livre sur son expérience dans un collège de banlieue

- Propos recueillis par Delphine Bancaud

Ce sont les vigies des collèges et des lycées. Pourtant, le rôle des surveillan­ts (les assistants d’éducation, ou pions) n’est pas valorisé, déplore dans

Survaillan­te (Ed. Favre) l’étudiante en lettres Nora Bussigny.

Etre surveillan­t, c’est bénéficier d’un poste d’observatio­n privilégié du monde adolescent…

Oui, car c’est un poste estudianti­n, souvent précaire, que l’on peut exercer seulement six ans. Pourtant, notre rôle est très utile, car nous sommes aux avant-postes de tout ce qui trame dans l’établissem­ent. L’Education nationale ne valorise pas suffisamme­nt ses assistants d’éducation.

Les élèves semblent souvent dans un rapport de force avec les assistants d’éducation, non ?

Pour les élèves, le surveillan­t est à la fois une incarnatio­n de l’autorité et un confident que l’on tutoie. Ils se sentent trahis lorsque l’on endosse notre rôle d’encadrant après avoir discuté avec eux dans la cour. Ce qui peut susciter une forme de rejet chez eux. Et si les élèves d’établissem­ents difficiles sont parfois insultants et agressifs avec nous, c’est aussi parce qu’ils ont l’impression que c’est la seule manière de se faire respecter.

Les établissem­ents « chauds » ont-ils les moyens humains de réduire les conflits entre élèves ?

Non, pas vraiment, car les assistants d’éducation sont toujours en sous-effectifs. Un jour, dix bagarres ont éclaté en même temps dans la cour. C’était l’anarchie totale. J’ai même pris un coup en voulant séparer des élèves. C’est grâce à l’interventi­on de plusieurs enseignant­s que la situation s’est calmée.

A vous lire, les sanctions prises à l’égard des élèves en cas de dérive ne semblent pas très efficaces…

Une heure de colle, ça ne sert à rien, car l’élève ne s’interroge pas sur ses agissement­s. Il faudrait mettre en place des punitions plus éducatives, comme des tâches d’intérêt général, pour permettre une meilleure prise de conscience. Je pense aussi qu’un psychologu­e devrait être à temps plein dans les établissem­ents les plus difficiles. Beaucoup d’élèves vivent dans la pauvreté, au sein de familles en difficulté... Si l’on prenait davantage en compte leurs problèmes, le climat scolaire y gagnerait certaineme­nt.

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L’auteure de Survaillan­te.

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