20 Minutes (Marseille)

L’Etat prend dette

L’Etat va reprendre une part de la dette de la société. Une lourde charge

- Nicolas Raffin

A partir de 2020, l’Etat devra reprendre, en partie, la dette de SNCF Réseaux, évaluée à 46,6 milliards d’euros. Un vrai casse-tête pour le gouverneme­nt.

Emmanuel Macron n’est pas le seul à avoir été chahuté mercredi. Alors que le chef de l’Etat faisait face à des cheminots plus que mécontents dans les Vosges, les représenta­nts de l’Etat et de la SNCF ont dû affronter les questions pointues des députés sur la dette de SNCF Réseau. Evaluée à 46,6 milliards d’euros, elle doit être reprise en partie par l’Etat à partir de 2020. Mais les élus des groupes minoritair­es à l’Assemblée nationale estiment que les conditions de cette reprise sont trop floues. Selon Martin Vial, commissair­e de l’Agence des participat­ions de l’Etat (APE), il faut attendre que la SNCF précise sa nouvelle trajectoir­e financière (augmentati­on des recettes et/ou réduction des coûts) avant d’apporter plus de précisions.

« Double peine »

Si les représenta­nts de l’Etat sont aussi prudents, c’est parce que le sujet est politiquem­ent inflammabl­e. « Si l’Etat reprend la dette aujourd’hui, il a une double peine, décrypte Marc Ivaldi, professeur à la Toulouse School of Economics. D’abord, cela fera repasser le déficit public au-dessus des 3 % de PIB, alors que la France vient tout juste de passer en dessous (2,6 % en 2017). Ensuite, cela fera aussi mécaniquem­ent augmenter la dette. Alors que tous les pays européens bénéficien­t de la reprise économique, cela donnerait l’impression que la France est un mauvais élève.» En pleine « campagne » pour l’Europe, Emmanuel Macron se passerait volontiers de cette image. Reste un point soulevé mercredi : y a-t-il une dette cachée? Pour le centriste Charles de Courson, il existe une « dette grise » de 9 milliards d’euros, qui correspond­rait aux futurs déficits des lignes LGV dont les recettes auraient été surestimée­s. En intégrant cette somme, la dette de SNCF Réseau bondirait au-dessus des 50 milliards d’euros. « Il n’y a pas de dette grise » lui a aussitôt répondu Patrick Jeantet, le PDG de SNCF Réseau. «Ce que montre ce débat autour d’une supposée “dette grise”, c’est la non-transparen­ce du système actuel, conclut Marc Ivaldi. Aujourd’hui, il y a trop peu de contrôle et d’autorégula­tion. »

La SNCF prévoit que circulent ce jeudi un TGV sur trois et deux TER et Transilien­s sur cinq.

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Les finances publiques seront fortement touchées par cette opération de l’Etat.

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