« C’est le procès d’un système »
Justice La famille du salarié de Lidl qui s’est suicidé poursuit l’enseigne allemande
Pour la première fois, les tribunaux vont devoir se pencher sur ce cas, au coeur d’un numéro de « Cash Investigation » qui avait fait grand bruit il y a quelques mois. En 2015, Yannick Sansonetti, un employé de la marque Lidl, se suicide sur son lieu de travail, à Rousset, dans les Bouches-duRhône. Le reportage, intitulé « Travail, ton univers impitoyable », revenait sur cet événement et pointait en pleine réforme du Code du travail des méthodes de management aux conséquences parfois très lourdes chez l’entreprise allemande. Ce mercredi, le tribunal de Marseille examine la demande de la mère, son frère et la compagne de Yannick Sansonetti. Tous trois veulent que la faute de l’enseigne de grande distribution soit reconnue par la justice dans ce geste fatal. Peu après les faits, ce suicide a été classé comme « accident du travail ». « Mais ce classement ne marque pas forcément la faute inexcusable de l’employeur », note Me Antoine Lounis, avocat de la compagne de Yannick Sansonetti. Pour rappel, ce terme juridique désigne la responsabilité de l’employeur dans un accident du travail ou une maladie professionnelle, liée par exemple à une négligence de sa part. « Ma cliente attend avant tout une décision symbolique, explique Me Antoine Lounis. Certes, la reconnaissance de la faute inexcusable de l’employeur augmenterait le montant de la rente qu’elle perçoit, ce qui n’est négligeable, quand on sait qu’elle a un enfant en bas âge dont elle doit assurer l’avenir. Mais reconnaître cette faute donnerait un sens à tout cela. Pourquoi ce geste-là a-t-il été accompli et comment ? Répondre à cette question pour les proches de cet homme, c’est important. » « C’est clairement le procès d’un système de management mis en place par Lidl qui pesait sur Yannick Sansonetti, affirme Me François Burle, avocat de la mère et du frère de Yannick Sansonetti. C’est un système en un sens inhumain, dans le sens qu’il vise, en raison d’une volonté de rendement à outrance, à demander une masse de choses à un humain qu’il ne peut humainement pas faire. » Trois personnes réalisent aujourd’hui les tâches attribuées jusqu’ici au seul poste de Yannick Sansonetti.
« Reconnaître cette faute donnerait un sens à tout cela. » Me Antoine Lounis, avocat