« Ça les motive pour travailler ! »
Comment sont les collégiens et les lycéens marseillais un jour de finale européenne ? Excités, mais relativement studieux
C’est un petit mot glissé dans le cahier de texte : « Allez l’OM ! » Des trousses bleues et blanches qui apparaissent sur les bureaux. Ou cette étonnante copie corrigée par Hélène, professeure de lettres dans un collège de l’est de Marseille : « Ils devaient rédiger un texte à partir d’un mot. Un des élèves a choisi le thème “amour”… Et il a écrit sur l’OM ! »
« Aucun retard toléré!»
La passion pour le foot déborde parfois jusque dans les copies… mais ne perturbe pas les cours dans les collèges et lycées marseillais, nous assure-t-on. « Ça fait quelques jours qu’on ressent une petite excitation, c’est le principal sujet de discussion », décrit Julien Marec, professeur d’histoire-géographie au collège Vallon des Pins. « Ce n’est pas le genre d’événement qui perturbe la classe, embraie Guillaume, prof de maths à Marseille depuis huit ans. Alors que s’il y a un orage, qu’il se met à pleuvoir, ou, pire, qu’il neige, instantanément, ils sont focalisés sur ça et ça bloque un peu le cours. » Mais pas l’OM. Même si, parfois, un petit malin tente une diversion en pleine leçon : « Vous suivez le foot, M’sieur ? » « C’est l’avantage et l’inconvénient des maths : on peut difficilement rapprocher notre matière de l’actualité, sourit Guillaume. Même si on essaie de temps en temps. » Un exercice sur les dabs de Pogba (ou de Thauvin) peut permettre de bosser Pythagore, une comparaison sur les « angles de tir » est parfois plus claire qu’une longue explication. « Ma stratégie, c’est d’en parler trente secondes avant d’entrer en classe, dévoile Julien Marec. Et ensuite, on met ça de côté ! » « On rentre dans leur univers, on leur montre qu’on n’est pas si différent qu’eux », confirme Caroline Bédènes. Professeure d’éco-gestion, elle est aussi responsable pédagogique du centre de formation de l’OM. « Pour eux, ce sont vraiment des journées particulières. Ils s’incluent dans l’équipe, ils disent : “On joue ce soir, on va gagner.” Ils sont ultra enthousiastes, et, étonnamment, ça les motive pour travailler. On pourrait penser que ça va les distraire, mais pas du tout ! Ça les met dans un état très positif!» Et ça les mettra peutêtre un peu en retard jeudi, en cas d’une historique victoire et d’une toute aussi historique fiesta. « Aucun retard ne sera toléré, ce n’est pas le genre de la maison », nous dit-on au rectorat. Nous dit-on dans un sourire, car l’événement est évidemment festif. Comme le rappelle un prof des quartiers Nord, les enseignants « ont l’habitude gérer des ambiances très négatives. Par exemple, quand il y a un attentat. Ou pire, un règlement de comptes qui touche directement des familles d’élèves. » Alors, quand c’est le foot qui s’invite au collège… « C’est quand même très plaisant ! »