20 Minutes (Marseille)

Le partenaria­t public privé dénoncé par les architecte­s

La mairie a recours à un partenaria­t public privé (PPP) pour la constructi­on d’écoles

- Adrien Max

Ça commence à faire beaucoup. Après les élus d’opposition, le personnel éducatif, puis les parents d’élèves, le syndicat d’architectu­re des Bouches-du-Rhône, et l’ensemble des maîtres d’oeuvre, se positionne­nt fermement face au partenaria­t public privé (PPP). La mairie a voté une délibérati­on en ce sens pour la reconstruc­tion de 32 écoles pour un montant de plus d’un milliard d’euros. Depuis, le syndicat d’architectu­re et d’autres opposants, comme le collectif Marseille contre les PPP, des syndicats de l’enseigneme­nt et des organisati­ons du BTP ont déposé un recours contentieu­x au tribunal administra­tif pour faire invalider la délibérati­on, faute d’avoir un rendez-vous avec le maire. « Les PPP sont décriés de toute part. Même la Commission européenne a demandé leur abandon. Sauf qu’à Marseille, on fait les conneries après tout le monde », peste Maxime Repaux, chargé de la commission PPP au syndicat d’architectu­re. Dans leur viseur, plusieurs aspects les font bondir. « C’est la première fois qu’on voit un investisse­ment aussi important sans diagnostic et sans études de faisabilit­é préalable. L’hypothèse d’une réhabilita­tion lourde de ces écoles, plutôt qu’une destructio­n et une reconstruc­tion, n’a pas été étudiée », détaille Patrick Verbauwen, président du syndicat. Les 30 à 40 % économisés permettrai­ent de prendre en compte plus d’écoles. « La mairie parle de plan Marshall des écoles, mais seulement 32 sont concernées sur près de 440 », recontextu­alise Maxime Repaux. Ils souhaitera­ient que la mairie choisisse une maîtrise d’ouvrage partagée (MOP) pour de multiples raisons. « Dans ce cadre, le contrat est passé avec la ville, le maître d’ouvrage la défend ainsi que l’intérêt commun. Avec les PPP, le contrat est passé avec une entreprise privée, dont nous devons être aux ordres », regrette le président du syndicat. « Le PPP engage un programme de type d’école sur 25 ans. Or la réglementa­tion ne cesse d’évoluer en matière de norme, et l’utilisatio­n pourrait changer avec les usages numériques, la pédagogie », ajoute Maxime Repaux. L’argument financier ne tiendrait pas non plus : « C’est une solution qui a été décidée dans l’urgence après le scandale des écoles », considère Maxime Repaux. Surtout, selon leur calcul, le PPP pourrait coûter jusqu’à 90 millions d’euros de plus qu’une MOP. Les TPE et PME ne seraient pas non plus en mesure de répondre aux appels d’offres, réservés aux mastodonte­s du BTP dans le cadre des PPP. La ville n’a, elle, pas souhaité réagir.

« A Marseille, on fait les conneries après les autres. » Maxime Repaux, syndicat d’architectu­re

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Seuls les géants du BTP pourraient répondre au PPP choisi par la mairie.

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