Le partenariat public privé dénoncé par les architectes
La mairie a recours à un partenariat public privé (PPP) pour la construction d’écoles
Ça commence à faire beaucoup. Après les élus d’opposition, le personnel éducatif, puis les parents d’élèves, le syndicat d’architecture des Bouches-du-Rhône, et l’ensemble des maîtres d’oeuvre, se positionnent fermement face au partenariat public privé (PPP). La mairie a voté une délibération en ce sens pour la reconstruction de 32 écoles pour un montant de plus d’un milliard d’euros. Depuis, le syndicat d’architecture et d’autres opposants, comme le collectif Marseille contre les PPP, des syndicats de l’enseignement et des organisations du BTP ont déposé un recours contentieux au tribunal administratif pour faire invalider la délibération, faute d’avoir un rendez-vous avec le maire. « Les PPP sont décriés de toute part. Même la Commission européenne a demandé leur abandon. Sauf qu’à Marseille, on fait les conneries après tout le monde », peste Maxime Repaux, chargé de la commission PPP au syndicat d’architecture. Dans leur viseur, plusieurs aspects les font bondir. « C’est la première fois qu’on voit un investissement aussi important sans diagnostic et sans études de faisabilité préalable. L’hypothèse d’une réhabilitation lourde de ces écoles, plutôt qu’une destruction et une reconstruction, n’a pas été étudiée », détaille Patrick Verbauwen, président du syndicat. Les 30 à 40 % économisés permettraient de prendre en compte plus d’écoles. « La mairie parle de plan Marshall des écoles, mais seulement 32 sont concernées sur près de 440 », recontextualise Maxime Repaux. Ils souhaiteraient que la mairie choisisse une maîtrise d’ouvrage partagée (MOP) pour de multiples raisons. « Dans ce cadre, le contrat est passé avec la ville, le maître d’ouvrage la défend ainsi que l’intérêt commun. Avec les PPP, le contrat est passé avec une entreprise privée, dont nous devons être aux ordres », regrette le président du syndicat. « Le PPP engage un programme de type d’école sur 25 ans. Or la réglementation ne cesse d’évoluer en matière de norme, et l’utilisation pourrait changer avec les usages numériques, la pédagogie », ajoute Maxime Repaux. L’argument financier ne tiendrait pas non plus : « C’est une solution qui a été décidée dans l’urgence après le scandale des écoles », considère Maxime Repaux. Surtout, selon leur calcul, le PPP pourrait coûter jusqu’à 90 millions d’euros de plus qu’une MOP. Les TPE et PME ne seraient pas non plus en mesure de répondre aux appels d’offres, réservés aux mastodontes du BTP dans le cadre des PPP. La ville n’a, elle, pas souhaité réagir.
« A Marseille, on fait les conneries après les autres. » Maxime Repaux, syndicat d’architecture