« On ne traite pas le problème » Drogue
Gérard Collomb a annoncé un renfort de police après la fusillade de la Busserine. Une réponse insuffisante et inadaptée selon certains
D’un côté, il y a de violentes images, dont celles de la Busserine qui ont tourné en boucle mardi à la télévision, où des hommes, vraisemblablement impliqués dans le narcobanditisme, tirent en pleine journée dans la cité, et mettent des policiers en joue. De l’autre côté, en réponse, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a annoncé le recrutement de 60 policiers supplémentaires à Marseille d’ici à 2019. Des chiffres qui tranchent avec le sentiment d’impuissance de certains policiers marseillais, dont Bruno Bartocetti, responsable régional du syndicat unité SGP police FO, se fait le porte-voix. « Face à des individus très préparés et déterminés comme ceux de la Busserine, les policiers se sentent bien démunis, estime-til. Nous travaillons en insécurité, à partir du moment où l’on ne nous donne pas les moyens suffisants. Le ministre annonce des policiers supplémentaires sur Marseille, mais ça représente, quoi, 3 % des effectifs ? Il faudrait qu’on soit au moins 300 de plus pour pouvoir être en sécurité. »
Prohibition et insertion
Bruno Bartocetti nuance : « Le problème du trafic de drogue ne peut être résolu par la seule police. Les sanctions pénales doivent être exemplaires. Quand on voit que certains prennent deux ans ferme pour le trafic de drogue, pour eux, ça fait partie de leur impôt. Il faut donc aussi donner des moyens à la justice ! » Une décision que seul un gouvernement peut prendre. La véritable solution viendrait-elle des instances politiques dirigeantes ? Une question que se pose Laurent Mucchielli, sociologue et chercheur au CNRS sur les problématiques de sécurité. « On fait toujours les mêmes choses, qui consistent à traiter les symptômes au lieu de s’attaquer au problème. » Selon lui, le « problème de fond » reste la question de la légalisation du cannabis. « S’il y a offre, c’est qu’il y a demande. Or, tant que ce marché sera interdit, le système de vente sera aux mains des bandits. » Et de fustiger : « Dans ces quartiers, il n’y a aucun travail d’insertion. Il y a la queue pour prendre la place des gens en prison ! C’est en effet le plan B par rapport au chômage. »