20 Minutes (Marseille)

« On ne traite pas le problème » Drogue

Gérard Collomb a annoncé un renfort de police après la fusillade de la Busserine. Une réponse insuffisan­te et inadaptée selon certains

- Mathilde Ceilles

D’un côté, il y a de violentes images, dont celles de la Busserine qui ont tourné en boucle mardi à la télévision, où des hommes, vraisembla­blement impliqués dans le narcobandi­tisme, tirent en pleine journée dans la cité, et mettent des policiers en joue. De l’autre côté, en réponse, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a annoncé le recrutemen­t de 60 policiers supplément­aires à Marseille d’ici à 2019. Des chiffres qui tranchent avec le sentiment d’impuissanc­e de certains policiers marseillai­s, dont Bruno Bartocetti, responsabl­e régional du syndicat unité SGP police FO, se fait le porte-voix. « Face à des individus très préparés et déterminés comme ceux de la Busserine, les policiers se sentent bien démunis, estime-til. Nous travaillon­s en insécurité, à partir du moment où l’on ne nous donne pas les moyens suffisants. Le ministre annonce des policiers supplément­aires sur Marseille, mais ça représente, quoi, 3 % des effectifs ? Il faudrait qu’on soit au moins 300 de plus pour pouvoir être en sécurité. »

Prohibitio­n et insertion

Bruno Bartocetti nuance : « Le problème du trafic de drogue ne peut être résolu par la seule police. Les sanctions pénales doivent être exemplaire­s. Quand on voit que certains prennent deux ans ferme pour le trafic de drogue, pour eux, ça fait partie de leur impôt. Il faut donc aussi donner des moyens à la justice ! » Une décision que seul un gouverneme­nt peut prendre. La véritable solution viendrait-elle des instances politiques dirigeante­s ? Une question que se pose Laurent Mucchielli, sociologue et chercheur au CNRS sur les problémati­ques de sécurité. « On fait toujours les mêmes choses, qui consistent à traiter les symptômes au lieu de s’attaquer au problème. » Selon lui, le « problème de fond » reste la question de la légalisati­on du cannabis. « S’il y a offre, c’est qu’il y a demande. Or, tant que ce marché sera interdit, le système de vente sera aux mains des bandits. » Et de fustiger : « Dans ces quartiers, il n’y a aucun travail d’insertion. Il y a la queue pour prendre la place des gens en prison ! C’est en effet le plan B par rapport au chômage. »

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A La Busserine, des policiers ont été mis en joue par des malfaiteur­s lundi.

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