20 Minutes (Marseille)

Une école rase 300 arbres au nom de son extension

Environnem­ent L’école de commerce Kedge a rasé près de 300 arbres pour son extension

- Adrien Max

A l’heure où les députés chargés de la filière bois lancent « l’appel de la forêt », Kedge a coupé près de 300 arbres pour son extension, le 22 mai. Pas n’importe où, puisque l’école se situe sur le campus de Luminy, aux portes des calanques. « Il s’agissait d’arbres en parfait état, dont certains pouvaient atteindre 140 ans », dénonce Georges Aillaud, opposant au projet d’extension. Selon lui, les études d’impacts n’ont pas été correcteme­nt menées. « Ils sont venus une fois sur place en mai, et une fois en novembre. Pour moi, ces études sont nulles et non avenues, elles sont bidon », peste-t-il férocement. En guise de bonne foi, Kedge, qui à chaque fois renvoie vers le site du projet pour avoir des informatio­ns, s’est engagé à replanter des arbres. « Les 292 pins d’Alep coupés seront compensés par la plantation de 292 chênes verts, une espèce endémique qui réduit le risque d’incendie », explique le site. Mais Georges Aillaud ne l’entend pas de cette oreille. « Il s’agit d’arbres issus de pépinière, ils vont les arroser pendant deux ans, puis ils crèveront. On trouve ces chênes mais au fond de la cuvette, pas sur les collines », explique-t-il. Sans compter l’installati­on d’espèces n’appartenan­t pas à la garrigue provençale. « Ils veulent arborer les terrasses de sauge des Canaries, ou de rose de Chine, et c’est comme ça qu’ils pensent restaurer la biodiversi­té ? », s’étonne Georges Alliaud, qui considère les dirigeant de Kedge comme des éco-cide. Une stratégie d’autant plus étonnante que le campus de Luminy se trouve à proximité immédiate du Parc national des calanques. « Ils construise­nt un mur de béton aux portes des calanques. A croire que la CCI, la préfecture et la mairie n’ont pas du tout conscience des enjeux liés au patrimoine végétal », se désole Stéphane Coppey, président de France Nature Environnem­ent 13. Ces enjeux sont rappelés par les députés chargés de la filière bois et l’associatio­n Reforest’Action, qui souhaitent replanter 1 million d’arbres. « Planter un arbre, ça purifie l’air, ça stocke du CO2, ça renforce la biodiversi­té, ça filtre l’eau, ça procure de l’emploi. Il y a 440000 emplois en France qui dépendent de l’exploitati­on durable des forêts », confiait Stéphane Hallaire à Franceinfo. Quant à l’utilisatio­n des 292 pins d’Alep coupés, mystère. « On attend de connaître le tonnage exact pour savoir ce que l’on va en faire », explique Kedge, qui doit verser 5 500 € de compensati­on au fonds forestier national. Insuffisan­t, considère Georges Aillaud : « On se moque de nous sur tous les aspects ! »

« On se moque de nous sur tous les aspects ! » Georges Aillaud, opposant au projet

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On ne connaît pas encore le destin des 292 pins d’Alep qui ont été coupés.

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