« Fahrenheit 451 » ravivé par le petit écran
La nouvelle adaptation du roman visionnaire donne un coup de jeune à l’oeuvre de Ray Bradbury
C’est un téléfilm brûlant. Avec des pompiers pyromanes, déterminés à brûler tous les livres sur Terre. Bienvenue dans le monde dystopique de « Fahrenheit 451 », où la culture est interdite. Pour cette nouvelle adaptation du roman de Ray Bradbury, HBO produit, Ramin Bahrani réalise, et le film sort directement à la télévision – sur OCS en France (lire l’encadré). Michael B. Jordan (Black Panther) et Michael Shannon (La Forme de l’eau) incarnent les soldats du feu. Quand l’auteur de Fahrenheit 451 publia son roman en 1953, il ignorait que celui-ci serait porté à l’écran par François Truffaut en 1966, et encore moins qu’il serait toujours d’actualité en 2018. «La modernité de la thématique m’a sidéré, car cette civilisation où la population est maintenue dans l’ignorance trouve d’inquiétants échos dans notre monde», expliquait le réalisateur de 99 Homes à 20 Minutes lors du Festival de Cannes, en mai. Seules concessions à la modernité : ordinateurs, disques durs et clés USB partent aussi en fumée dans cette nouvelle version. « Indépendamment des innovations techniques, ce qui a changé est que Fahrenheit 451 n’est plus un délire de romancier, affirme le cinéaste. C’est un récit visionnaire.» Films et musiques ne sont pas épargnés dans cette société dont les dirigeants ont réécrit l’histoire et où les résistants sont sévèrement punis. « Les pompiers que nous incarnons vont à l’encontre de cette noble profession, explique Michael Shannon. Là où ils sont censés préserver des vies et des biens, ils ne sèment que mort et destruction.» Les soldats du feu incendiaires sont d’autant plus inquiétants qu’ils représentent des sauveurs dans l’imaginaire collectif. Leurs descentes musclées font froid dans le dos, notamment quand une vieille dame choisit de périr au milieu de ses livres. «Cette séquence m’avait traumatisé dans le film de Truffaut», se souvient le réalisateur. « A l’heure où nous sommes abreuvés de fake news et où le politiquement correct est une forme de censure, j’aimerais que mon film fasse réfléchir les spectateurs », martèle Ramin Bahrani. Message reçu avec cette oeuvre qui appelle à la vigilance tout en célébrant les joies de la culture.
« A l’heure des fake news, j’aimerais que mon film fasse réfléchir. » Ramin Bahrani, réalisateur