Le délabrement et l’insécurité installés au parc Corot
En proie aux marchands de sommeil, la cité des quartiers Nord est dans un inquiétant état de délabrement
Ils sont neuf à vivre dans cet appartement de 85 m². La mère de famille, célibataire, ne maîtrise pas le français. Elle est partie enterrer sa propre mère aux Comores. C’est la grande soeur, Amida, jeune maman, qui s’occupe de tout ce petit monde en son absence. Et c’est peu dire que les journées passées dans cet apparemment sont compliquées. Voilà plusieurs années que la famille vit dans ce logement délabré du parc Corot. Derrière la porte blindée défoncée se trouve une première chambre où passent sans peur les rats. A gauche, une cuisine aux murs décrépis et à l’évier bouché, qui contraint la famille à rejeter les eaux de cuisson dans la douche. Douche qui, elle-même, s’encrasse. Quand ce n’est pas l’eau qui s’infiltre chez la voisine du dessous… Dans le salon humide, près du pan de mur qui menace de s’effondrer, des traces de moisissures et l’ampoule qui pend dangereusement. Le sol n’est pas terminé. Impossible d’aérer cette pièce : la fenêtre, cassée ne s’ouvre pas. A cela s’ajoutent les problèmes d’insécurité. La tour serait investie par des squatters selon Amida.
Pas moins de 376 logements
Le propriétaire a été joint plusieurs fois pour que des travaux soient réalisés. « Il répond que c’est de notre faute, ou que c’est comme ça, le bâtiment est pourri », se désole Amida. Selon le rapport Nicol de 2015 cité par Marsactu, à Marseille « le parc privé potentiellement indigne (PPPI) présente un risque pour la santé ou la sécurité de quelque 100000 habitants » ». Parmi elles, la cité Corot où vit Amida avec sa famille. Il s’agit d’une copropriété fortement délabrée de 376 logements répartis dans sept grandes barres d’immeubles dans le 13e arrondissement. Depuis janvier 2017, un administrateur judiciaire a pris le relais des syndicats professionnels pour gérer la copropriété. En attendant des mesures concrètes (lire l’encadré), certains locataires ont décidé de porter plainte, à l’image d’Hassani. « J’irai jusqu’au bout, pour qu’il paie, assure-t-il, et pour que personne d’autre ne vive ce que l’on vit ici. »