Elle dérange? Tant mieux!
Parti pris Christine Angot compte de nombreux détracteurs, mais l’auteure a le mérite de réveiller un paysage audiovisuel corseté
On ne peut pas dire que sa présence sur France 2 soit passée inaperçue. Christine Angot, dernière recrue de Laurent Ruquier dans « On n’est pas couché » (ONPC), a presque plus fait parler d’elle en une saison que Nauleau et Zemmour en quatre. Régulièrement taxée d’hystérique ou attaquée sur son pseudo-manque d’empathie, elle a refusé de courber l’échine et continué à tracer sa route. Vers une seconde saison? Yann Moix ne sera pas reconduit la saison prochaine, mais la chroniqueuse devrait répondre présent. Un signal fort que pourrait envoyer la chaîne.
Car Christine Angot a le mérite de réveiller un paysage audiovisuel corseté. « Je ne suis pas une journaliste, je suis ici pour essayer de dire comment je peux ressentir certaines phrases », expliquait-elle en mars à l’avocat Eric Dupond-Moretti avec qui elle s’est accrochée sur le plateau d’«ONPC». Ses détracteurs ne cessent de ridiculiser ses questions à rallonge. Mais que lui reprochentils vraiment? Sa rhétorique contrariée ou son aversion du consensus ? Plus à l’aise à l’écrit qu’à l’oral, elle ne veut pas adopter les codes des polémistes, rodés à la langue de bois des politiques et armés pour les joutes verbales. « Derrière les phrases, derrière le texte, il y a quelqu’un, une vie, une personne vivante, et unique », confiait-elle à Télérama. Si certains remettent en cause sa légitimité, impossible de lui reprocher de pécher par manque d’intégrité et de franchise.
L’audace de s’affirmer
Son plus gros point faible selon les juges anonymes des réseaux sociaux n’est-il pas son refus de se ranger à sa place de femme que d’aucuns voudraient lui assigner ? Si Christine Angot est un monstre aux yeux de certains, c’est parce qu’elle a l’indécence de ne pas respecter les codes du féminin et qu’elle s’en contrefout royalement. Elle a le courage de ne pas se réduire à son genre, à son histoire et a l’audace d’affirmer qu’elle n’est qu’elle-même.
« Dans la vie, on a tous l’air ridicule, dans notre façon de parler, dans notre accent, dans notre manière de construire des phrases, glissait-elle à 20 Minutes. Mais il y a un endroit où on n’est pas ridicule : notre être. » C’est peut-être parce que son for intérieur est imprenable qu’elle dérange autant. Christine Angot ne cherche pas à plaire et ne craint pas d’être impopulaire. Ses détracteurs sont prévenus : s’ils entendent la faire craquer, ils ne sont pas couchés.