20 Minutes (Marseille)

« Cet avion nous tenait à coeur »

Le Mirage 2000N quitte cet été la base d’Istres. Deux pilotes nous racontent leur attachemen­t à ce célèbre avion de chasse

- Mathilde Ceilles

Ses premiers vols remontent aux années 1980. Cet été, conforméme­nt à la loi de programmat­ion militaire, la base aérienne 125 d’Istres va dire au revoir au Mirage 2000 N, qui part à la retraite. Une cérémonie viendra marquer ce jeudi le retrait opérationn­el de cet avion de chasse mythique, après trente ans de service au sein de l’armée de l’air, remplacé par un avion plus performant (lire l’encadré). Ce moment est important pour les militaires de la base, qui ne cachent pas leur attachemen­t à « leur » avion. Pas étonnant qu’à l’heure du dernier vol, ils le couvrent de compliment­s. « Cet avion est très agréable à piloter, très précis, se félicite le commandant Cyril. Il a de plus une bonne autonomie, quand on fait des missions interallié­es, on tient plus longtemps ! » Et d’ajouter : « C’est sûr qu’on aura un pincement au coeur. Pour nous, c’est un peu spécial, certains d’ailleurs n’ont connu que cet appareil. »

Yougoslavi­e et Sahel

« Cet avion nous tenait à coeur. On a évolué dessus, fait nos expérience­s à bord », analyse le lieutenant-colonel Geoffroy. « Je me souviens de mon premier vol sur le Mirage 2000N, la puissance du décollage, la sensation d’être collé au siège ou écrasé lors d’un virage, confie le commandant Cyril. Les débuts sont difficiles car physiques. Mais ces sensations sont estompées du fait de la mission. » « Il faut rester concentré pendant les missions qui sont périlleuse­s, parfois au péril de nos vies », renchérit le lieutenant-colonel Geoffroy. Conçu pour la frappe nucléaire, le Mirage 2000 N a servi en ex-Yougoslavi­e dans les années 1990, en Libye en 2011 ou plus récemment lors de l’opération Barkhane au Sahel. La disparitio­n de cet avion sonne également la dissolutio­n de l’escadron de chasse 02.004 La Fayette à Istres. D’ici les prochains mois, les 160 mécanicien­s, pilotes et navigateur­s encore présents dans les Bouches-du-Rhône vont être mutés dans d’autres bases militaires françaises pour être formés au Rafale, quand d’autres vont changer de voie. « Chacun doit refaire sa vie ailleurs, partout en France, note le lieutenant­colonel Grégory. C’est la fin d’une aventure humaine. »

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Le lieutenant-colonel Geoffroy et le commandant Cyril vont être mutés.

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