Ça s’en VAR et ça revient
Les débats sur la vidéo alimentent la controverse du Mondial en Russie
C’est la grande nouveauté de ce Mondial, la VAR (assistance vidéo à l’arbitrage) a débarqué sur les pelouses, ce qui anime les débats sur son bienfondé ou non. Les Français ont été ravis de pouvoir compter dessus. D’un autre côté, Anglais, Brésiliens et Péruviens se sont plaints. Pour se faire un avis objectif, on a opposé deux opinions : celle de Bruno Derrien, exarbitre international pro-vidéo, et celle de Jérôme Latta, rédacteur en chef des Cahiers du football,en guerre ouverte contre la VAR.
› La subjectivité arbitrale encore présente malgré la vidéo. Sur le pénalty obtenu par Griezmann contre l’Australie, certains voient la faute, d’autres non. « Cela nous rassure de voir que la dramaturgie et l’humain font encore partie du foot, explique Jérôme Latta. Mais on est forcé de se questionner encore plus : à quoi sert la vidéo si elle n’enlève rien à la subjectivité et aux interprétations ? » Pour le coup, Bruno Derrien défend la VAR contre ce qu’il juge être de mauvaises accusations : « Si à l’image il y a une faute évidente que les arbitres ne voient pas, c’est embêtant. Mais c’est la responsabilité des arbitres, pas de la vidéo. » › Les demandes grandissantes d’usage de la VAR. « Pour l’instant, la VAR est assez peu utilisée, et c’est tant mieux, concède Latta. Mais on a vraiment peur que ça augmente avec les matchs à enjeux. » L’ex-arbitre espère également qu’il n’y aura pas de dérives dans le futur : « On ne peut utiliser la VAR que dans certains cas. On sait tous que cela va être dur de s’y tenir. On a mis le doigt dans l’engrenage, il va falloir faire attention à ne pas y laisser la main, car joueurs et supporters vont vouloir plus. »
› L’arbitre a-t-il encore de l’autorité ? Sur le penalty suédois face aux Coréens, le joueur s’est fait découper dans la surface sans que l’arbitre ne siffle, en attendant le jugement de la VAR. « Désormais, l’arbitre va se réfugier derrière la vidéo, réagit Bruno Derrien. Son usage les tranquillise et les calme. » Pour Jérôme Latta, cela provoque des situations «hallucinantes». «Sur le match Suède-Corée du Sud, l’action se poursuit vingt secondes avant l’usage de la vidéo, reprend-il. Il se passe quoi si un joueur se blesse, s’il y a un but ? Vingt secondes, c’est énorme dans le foot. »