Le dédoublement de classes en REP+ n’est pas gagné
Par manque de place, la mairie peine à appliquer les réformes du gouvernement dans l’éducation prioritaire pour la rentrée
Le 1er septembre 2017, peu avant la rentrée des classes, Danièle Casanova, adjointe au maire de Marseille déléguée aux écoles maternelles et élémentaires et au soutien scolaire, confiait à 20 Minutes son inquiétude quant à la rentrée 2018. Les nouvelles mesures gouvernementales imposaient en effet à Marseille le dédoublement des CE1 en REP + (Réseau d’éducation prioritaire) et de tous les CP en REP. « Nous allons faire remonter par la voie hiérarchique que ce n’est pas possible », assurait alors Danièle Canasova. Marseille est en effet la ville de France qui compte le plus grand nombre d’écoles situées en zone d’éducation prioritaire, et fait face à un manque de locaux. A l’époque de cette confidence, l’élue venait tout juste de trouver une solution pour les CP en REP +, après plusieurs mois de réflexion.
Quelques mois plus tard, le discours est tout autre. L’heure était au satisfecit pour Danièle Casanova et Jean-Claude Gaudin jeudi, lors d’une conférence de presse. « Nous avons trouvé une solution avec l’inspection académique, et le dédoublement physique concerne 65 % des classes, essentiellement dans des salles pédagogiques de moindre importance comme des salles informatiques ou des salles de travaux manuels. Rien n’est impossible à Marseille. »
« Une nécessité d’affichage »
Ce chiffre est à relativiser, puisque dans ce calcul, la mairie inclut les CP en REP + dédoublés, pour lesquels elle avait déjà trouvé des solutions à la rentrée précédente. Ainsi, 230 CP en REP + seront dédoublés, contre 237 en septembre 2017, soit 78 % des CP en REP +.
Mais si l’on exclut ces CP, qui représentent 46 % des classes concernées par les mesures gouvernementales, les chiffres sont moins encourageants. Seuls 189 des 342 classes de CP en REP et des CE1 en REP + auront leur propre classe avec un seul enseignant. Moins d’un CE1 sur deux sera dédoublé, au profit de deux enseignants dans une classe. Or, ces classes constituent l’effectif principal concerné par cette réforme mise en place à la rentrée. « On ne peut pas continuer à l’infini, à faire tous les efforts pour respecter les décisions qui viennent d’en haut », avertit Jean-Claude Gaudin.
« Ce manque de locaux est un problème récurrent à Marseille, analyse Claire Billès, secrétaire départementale du Snuipp. Supprimer une bibliothèque pour dédoubler une classe n’est pas anodin. Il y a eu une pression sur certaines écoles pour imposer des classes dédoublées, car il y a à Marseille une nécessité d’affichage. Il faut dire que tout va bien dans le meilleur des mondes, alors que la ville a été dans le passé pointée du doigt en matière d’éducation. »