Il reste un « Everest » avant l’Unesco
Candidature Le classement de l’étang de Berre au patrimoine de l’Unesco pourrait prendre des années
Huit mois. L’association qui porte la candidature de l’étang de Berre au patrimoine mondial de l’Unesco a annoncé avoir prévu de remettre en février au ministère de Tutelle la déclaration universelle exceptionnelle du bien pour accéder à la liste indicative. Quésaco ?
« La perception vulgaire reste celle d’un espace pollué par l’industrie. » Nicole Girard, géographe
Ce document de deux pages fait office d’acte de candidature auprès du gouvernement qui, ensuite, décidera s’il porte ou non cette initiative. Objectif : faire reconnaître l’une des plus grandes lagunes d’Europe comme bien mixte de l’Unesco. Le document est en cours de rédaction par l’association… faute de pouvoir se payer l’aide de bureaux spécialisés, comme pourrait le faire d’autres concurrents C’est l’une des difficultés auxquelles les porteurs de ce projet sont confrontés. Outre les études nécessaires, coûteuses, les candidats au patrimoine mondial font appel à des bureaux d’étude spécialisés pour ficeler un dossier le plus solide possible. Une aide qui a un coût important. Or, l’association ne reçoit des collectivités publiques qu’une dizaine de milliers d’euros. Un fonds destiné aux entreprises a toutefois été lancé. « A Carcassonne, rien que pour demander une extension du périmètre labellisé, ils ont dû débourser 300 000 € », confie Jean-Claude Cheinet, président de l’association. Un comité scientifique a de plus été constitué afin de donner des arguments techniques à cette candidature. Il pourrait aider à pallier une autre difficulté, moins palpable. Car il reste à l’association le défi d’emporter l’adhésion de la population et d’un nombre plus large de responsables politiques à leur cause. L’étang de Berre reste en effet perçu comme une poubelle industrielle, incompatible avec un classement à l’Unesco. « C’est une candidature compliquée, il reste un Everest à franchir avant de faire labelliser ce territoire, reconnaît Nicole Girard, géographe et membre du comité scientifique. La perception vulgaire, y compris au sommet de l’Etat, reste celle d’un espace pollué par l’industrie. » « Quand on s’est adressé au ministère de la Transition écologique, ils nous ont dit que ça allait être difficile, affirme Anne-Laure Greffeuille, chargée de mission à la mairie de Martigues. On leur a répondu qu’il y avait des zones Natura 2000, que dans cette terre de paradoxe, la nature se régénérait. Les hippocampes sont de retour. Et ce territoire, c’est aussi une culture, certes industrielle. » Certaines candidatures peuvent prendre une quinzaine d’années avant d’aboutir, selon l’association...