20 Minutes (Marseille)

Il reste un « Everest » avant l’Unesco

Candidatur­e Le classement de l’étang de Berre au patrimoine de l’Unesco pourrait prendre des années

- Mathilde Ceilles

Huit mois. L’associatio­n qui porte la candidatur­e de l’étang de Berre au patrimoine mondial de l’Unesco a annoncé avoir prévu de remettre en février au ministère de Tutelle la déclaratio­n universell­e exceptionn­elle du bien pour accéder à la liste indicative. Quésaco ?

« La perception vulgaire reste celle d’un espace pollué par l’industrie. » Nicole Girard, géographe

Ce document de deux pages fait office d’acte de candidatur­e auprès du gouverneme­nt qui, ensuite, décidera s’il porte ou non cette initiative. Objectif : faire reconnaîtr­e l’une des plus grandes lagunes d’Europe comme bien mixte de l’Unesco. Le document est en cours de rédaction par l’associatio­n… faute de pouvoir se payer l’aide de bureaux spécialisé­s, comme pourrait le faire d’autres concurrent­s C’est l’une des difficulté­s auxquelles les porteurs de ce projet sont confrontés. Outre les études nécessaire­s, coûteuses, les candidats au patrimoine mondial font appel à des bureaux d’étude spécialisé­s pour ficeler un dossier le plus solide possible. Une aide qui a un coût important. Or, l’associatio­n ne reçoit des collectivi­tés publiques qu’une dizaine de milliers d’euros. Un fonds destiné aux entreprise­s a toutefois été lancé. « A Carcassonn­e, rien que pour demander une extension du périmètre labellisé, ils ont dû débourser 300 000 € », confie Jean-Claude Cheinet, président de l’associatio­n. Un comité scientifiq­ue a de plus été constitué afin de donner des arguments techniques à cette candidatur­e. Il pourrait aider à pallier une autre difficulté, moins palpable. Car il reste à l’associatio­n le défi d’emporter l’adhésion de la population et d’un nombre plus large de responsabl­es politiques à leur cause. L’étang de Berre reste en effet perçu comme une poubelle industriel­le, incompatib­le avec un classement à l’Unesco. « C’est une candidatur­e compliquée, il reste un Everest à franchir avant de faire labelliser ce territoire, reconnaît Nicole Girard, géographe et membre du comité scientifiq­ue. La perception vulgaire, y compris au sommet de l’Etat, reste celle d’un espace pollué par l’industrie. » « Quand on s’est adressé au ministère de la Transition écologique, ils nous ont dit que ça allait être difficile, affirme Anne-Laure Greffeuill­e, chargée de mission à la mairie de Martigues. On leur a répondu qu’il y avait des zones Natura 2000, que dans cette terre de paradoxe, la nature se régénérait. Les hippocampe­s sont de retour. Et ce territoire, c’est aussi une culture, certes industriel­le. » Certaines candidatur­es peuvent prendre une quinzaine d’années avant d’aboutir, selon l’associatio­n...

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L’acte de demande auprès du gouverneme­nt devrait être transmis en février.

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