20 Minutes (Marseille)

«Ces étudiants sont sans solution»

La France a suspendu la délivrance de visa pour les ressortiss­ants des Comores et de Mayotte sans donner d’explicatio­n

- Adrien Max

« C’est très compliqué de parler avec des étudiants car ils ont peur de s’exprimer. Ils ont peur des réactions et de ne pas obtenir de visas », explique une membre du collectif des étudiants étrangers à Mayotte, qui préfère garde l’anonymat. L’ambassade de France aux Comores ainsi que la préfecture de Mayotte ont suspendu jusqu’à nouvel ordre la délivrance de visas à ses ressortiss­ants. Voici dans quelle situation se retrouvent environ 300 étudiants comoriens et mahorais. Les questions de migrations semblent en être la cause, même si aucune explicatio­n officielle n’a été donnée.

Dès lors, impossible pour ces 300 jeunes de venir étudier en France. « Les étudiants mahorais ne peuvent s’inscrire que dans la seule université de l’île, mais pour les étudiants comoriens, il n’y a aucune solution. Ni d’étudier en France métropolit­aine, ni à Mayotte », précise le collectif, qui a tenté de trouver des solutions.

« Nous avons envoyé des mails à la préfecture pour avoir des audiences. Nous avons écrit au préfet, nous avons parlé avec le conseiller du ministre, mais rien n’a changé », regrette la militante.

Un avenir hypothéqué

« La situation est assez complexe, confie Anli, représenta­nt d’une associatio­n d’étudiants mahorais. On bloque des étudiants, en dehors de toutes considérat­ions politiques, alors qu’ils sont en droit de poursuivre leurs études et de se construire un avenir. » Pour toutes ces raisons, Saïd Ahamada, député LREM des quartiers Nord et Comorien d’origine, a appelé à la levée de cette suspension. « Il s’agit d’un contentieu­x entre la France et les Comores sur les clandestin­s au départ de Mayotte, explique-t-il. Les seules exceptions sont médicales, mais pas pour les études, ce qui n’est pas juste pour les étudiants. Il s’agit d’un conflit ponctuel qui pourrait hypothéque­r l’avenir de bon nombre de jeunes, regrette le député. Je ne comprends pas qu’à l’heure où l’on veut développer la francophon­ie, on bloque ces étudiants. Il s’agit, en plus, d’une immigratio­n haut de gamme. Pour obtenir leurs visas, les étudiants doivent être inscrits dans une université, ou une grande école, et prouver qu’ils ont les moyens de vivre en France. » Derrière cette problémati­que, pointent d’autres considérat­ions culturelle­s et sécuritair­es. Faute de pouvoir étudier en France, les étudiants pourraient rejoindre des pays arabes où des thèses radicales circulent. « Mon communiqué vise à enfoncer le clou pour ceux qui hésiteraie­nt encore. Mais je suis optimiste quant à l’issue de cette histoire », confie Saïd Ahamada.

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Environ 300 Comoriens et Mahorais ne peuvent pas étudier en France.

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