20 Minutes (Marseille)

Deux « Déguns » qui ne craignent pas dans les salles

Les deux Marseillai­s voient leur websérie être adaptée sur grand écran

- Mathilde Ceilles

Sur le canapé, les traits sont tirés. Et on peut le comprendre. Nordine Salhi et Karim Jebli finissent un long marathon. Ce mercredi est sorti dans les salles de cinéma leur premier film, Les Déguns. Une version grand écran de leur websérie humoristiq­ue dont les épisodes comptabili­sent jusqu’à 5,6 millions de vues, et qui mettent en scène les aventures de deux ratés à Marseille. La trajectoir­e est peu banale pour ces deux amis, originaire de la cité la Sauvagère. La rencontre s’est faite sur les bancs de l’école. La complicité a commencé à naître sur les terrains de foot. En grandissan­t, l’humour est venu consolider les liens. « Qu’est ce que j’ai pu rigoler sur sa mère, s’esclaffe Karim. Les gens nous regardaien­t nous insulter, ils ne comprenaie­nt pas, mais en vrai, c’était de la vanne, on est comme des frères. » Petit à petit, la blague devient leur arme de défense massive. «On a commencé à vanner les autres, à deux, pour attaquer, et là, ils ne pouvaient rien », constatent-ils en choeur.

Une suite envisagée

La websérie naît en 2014. Comment ? A chaque interview, les deux comparses inventent une nouvelle histoire. « La vérité, c’est qu’on ne sait pas la réponse, sourit Nono. On avait envie de rire. » « L’ennui développe la créativité, poursuit Karim. On avait envie de faire quelque chose même si on n’en avait pas forcément les moyens. » L’audiovisue­l? A mille lieues de leurs vies. Bien sûr, ils regardent des films, mais ne sont pas particuliè­rement attirés par ce milieu. «Je fantasmais sur Loïs Lane », s’amuse Karim. Un jour, ils écrivent une bribe de scénario, tournent et postent sur YouTube. La première saison des « Déguns » est née. Quatre saisons plus tard, la série s’est profession­nalisée, au point de devenir un film. L’avant-première marseillai­se, ce mardi, s’est produite à guichets fermés, devant leurs familles, à qui ça a fait « bizarre » de voir leurs rejetons sur écran géant. Pour eux, cette avant-première est une étape de plus, après un tournage terminé en avril et plusieurs mois de postproduc­tion.

En ce jour de sortie, les ongles de Nono sont en voie de disparitio­n, dans l’attente des retours du public. Mais cela n’empêche d’envisager d’ores et déjà une suite. Les deux amis assurent que « viser la lune, ça leur fait pas peur », – à imaginer avec la voix de Karim, en pleine cover d’Amel Bent. « Tant mieux si notre trajectoir­e est un exemple », estime Nono. Et de s’adresser à ceux qui souhaitent les imiter : « ,Commencez, même sans moyens, et utilisez bien votre temps. »

« On voulait faire une série même si on n’en avait pas les moyens » Karim, des « Déguns »

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Les épisodes des « Déguns » sont suivis par des millions de spectateur­s.

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