20 Minutes (Marseille)

La résurrecti­on sur les greens de Tiger Woods met un sacré coup de projecteur sur la Ryder Cup

La présence de Tiger Woods, donné perdu pour le golf il y a encore un an, est vécue comme un cadeau inestimabl­e

- Julien Laloye

Une foule compacte et silencieus­e, presque révérencie­use. Puis, des murmures d’admiration quand la balle du maître touche sa cible, et la transhuman­ce pour suivre le berger à chaque nouveau trou. La dernière partie d’entraîneme­nt de Tiger Woods au Golf national, mercredi, était un spectacle extraordin­aire. « Le voir ici après tout ce qu’il a traversé, c’est extraordin­aire, se réjouit Pascal Grizot, cheville ouvrière de cette Ryder Cup. Il a cette capacité à convertir des non-golfeurs en golfeurs. C’est une chance unique de le voir sur ce parcours.»

Une chance de rattrapage, en fait. Le « Tigre » a déjà swingué à SaintQuent­in-en-Yvelines, lors des Mondiaux amateurs par équipes, en 1994. Le garçon n’avait que 19 ans, mais il était déjà un animal de cirque, que les journalist­es de l’époque décrivaien­t comme « arrogant et distant ». Le résultat d’une éducation étouffante orchestrée par Earl Woods, le père entraîneur et castrateur. Tiger était un homme au physique de GI américain, élevé pour gagner, à qui l’on n’a jamais appris les bonnes manières.

« Si tu jouais avec lui en double, et que tu perdais, c’était de ta faute. » Thomas Levet

Un homme qui méprisait ses adversaire­s et, évidemment, n’aimait pas l’allégresse collective réclamée par la Ryder Cup. D’ailleurs, avec 13 victoires et 17 défaites, pour un seul trophée ramené en sept participat­ions, le bilan de l’ancien n°1 mondial est cataclysmi­que dans l’épreuve. « Si tu jouais avec lui en double, et que tu perdais, c’était de ta faute, car c’était le meilleur joueur du monde, raconte Thomas Levet, qui l’a défié en 2004 avec la team Europe. Il était dans sa bulle, il en avait besoin pour bien jouer.» Mais tout ça, c’était avant la chute, aussi bien personnell­e et sportive, à partir de 2010. «Aucun athlète dans l’histoire n’a subi une telle humiliatio­n publique et un tel harcèlemen­t des tabloïds, suggère Jeff Benedict, son biographe. La façon dont il a su se relever est un petit miracle.» Depuis son retour au plus haut niveau, le bonhomme est bien différent du monstre d’antipathie aperçu à ses débuts. A Paris, on l’a beaucoup vu discuter avec ses équipiers sur les parties d’entraîneme­nt, comme s’il était enfin à l’aise parmi les autres.

La fable du Tiger Woods ouvert, sympathiqu­e, presque souriant résisterat-elle au retour des bons résultats et du melon qui va avec? Pour l’instant, Woods est resté bien sage lors de sa seule apparition de la semaine en salle de presse, et il s’est contenté de petits signes de la tête pour remercier la foule énamourée, qui connaît sa chance de revoir l’idole. Et qui peut attendre une grande performanc­e de sa part en Ryder Cup.

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Une nombreuse foule a suivi les pas de Woods, mercredi à l’entraîneme­nt.

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