Les directeurs d’école réclament plus de moyens
Depuis la suppression des emplois aidés à l’été 2017, le quotidien des directeurs vire au casse-tête
Un directeur d’école sur quatre souffre de burn out en France. Face à cette situation, et pour ne pas pénaliser les élèves et leurs familles, ceux des Bouches-du-Rhône ont choisi de transmettre à leur hiérarchie des fiches « danger grave imminent », plutôt que de faire grève. « Aucune des fiches n’a été enregistrée par le comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Nous avons décidé d’alerter la presse, la situation n’est plus tenable », dénonce Carole Gelly, secrétaire départementale de l’UNSA.
Déjà très compliquée depuis plusieurs années, leur situation s’est aggravée depuis la suppression des emplois aidés en 2017.
« Beaucoup abandonnent face à la charge de travail. A tel point que le rectorat est obligé de nommer d’office certains directeurs », explique Michel Touin, directeur d’une école et délégué syndical.
Agenda social
En fonction du nombre de classes, le temps de détachement du directeur, qui est aussi enseignant, varie. Mais pour Fanny Apotheloz-Selles, directrice d’une école de 11 classes, qui est pourtant détachée à 100 % sur son poste de directrice, cela ne suffit pas. « Nous devons tout gérer, le relationnel avec les collègues et avec les parents d’élèves, l’administratif, le moindre problème de sonnerie. Je suis obligée de travailler le mercredi et le dimanche après-midi pour en venir à bout », explique celle qui est aussi déléguée syndicale. Des obligations qui ont des conséquences sur les élèves. « On a l’impression de mal faire notre boulot de directeur et d’enseignant, à force de jongler », détaille Michel Touin.
Ils dénoncent tous un manque criant de moyens et réclament une refonte de l’école. « Le modem a grillé à cause de la foudre cet été, je n’ai plus Internet à l’école. Pour les évaluations, qui nécessitent une application, ils m’ont installé un tout petit modem », dénonce le directeur. « La plupart du temps on se retrouve bloqué entre les municipalités, dont dépendent les écoles, et le rectorat. C’est un véritable casse-tête », ajoute Fanny Apothéloz-Selles. Les députées Cécile Rilhac (LREM) et Valérie Bazin-Malgras (LR) ont été missionnées pour un état des lieux. Elles pointent également un malêtre des directeurs, lié à un manque de moyens, notamment. Et proposent certaines mesures comme une décharge plus importante, ou des enseignements sans classe attitrée, mais surtout de repenser une nouvelle organisation pour les écoles. Cette problématique est inscrite à l’agenda social du gouvernement, qui devrait l’aborder en janvier 2019. Mais les directeurs préviennent, ils ne tiendront pas une deuxième année avec si peu de moyens.