20 Minutes (Marseille)

Les oeufs de dinosaures couvent encore un secret

Les Bouches-du-Rhône abritent le troisième plus grand gisement d’oeufs de dinosaure au monde

- Adrien Max

« Ici, l’expression marcher sur des oeufs prend tout son sens. Sauf que ce sont des oeufs de dinosaure », plaisante Thierry Tortosa, paléontolo­gue pour le départemen­t des Bouchesdu-Rhône. Sur cette colline d’argile pas très loin d’Aix-en-Provence, une petite dizaine de personnes martèlent, grattent et brossent la terre argileuse à la recherche d’oeufs de ces animaux. « On est ici sur l’un des trois plus grands gisements d’oeufs de dinosaure au monde », prévient Thierry Tortosa. Du coup, il y en a partout. « Nous avons commencé à fouiller cet endroit en 2015. Depuis, nous menons une campagne d’un mois de fouille chaque année. Nous retrouvons environ une vingtaine d’oeufs et d’os par jour », détaille Yves Dutour, responsabl­e du Muséum d’histoire naturelle, qui participe aux fouilles avec le départemen­t grâce à une convention. Si l’on trouve autant d’oeufs à cet endroit, c’est aussi grâce à la mise en place de la réserve naturelle de la SainteVict­oire en 1994. « Des oeufs sont retrouvés depuis les années 1950, mais l’incendie de 1989 a mis au jour beaucoup de fossiles, dont beaucoup ont été pillés », relate-t-il.

Des révélation­s à venir

Ces oeufs datent d’environ 72 millions d’années. Mais l’espèce exacte de dinosaure qu’ils renferment reste pour l’instant floue. « Nous avons répertorié deux types d’os, sans pouvoir préciser l’espèce, car bien souvent il n’y a plus de fossile d’embryon à l’intérieur des oeufs. Soit ils n’ont pas été fécondés, soit ils ont éclos, soit les sédiments qui ont recouvert les oeufs les ont altérés », explique Yves Dutour. Seule certitude, la présence des rhabdodons dont les os en témoignent, ainsi que de raptor, des petits dinosaures carnivores. « Nous avons retrouvé des dents de raptor à proximité des os des rhabdodons, qu’ils ont dû dévorer », explique Thierry Tortosa.

Ce site exceptionn­el, l’un des rares aussi proches de centres urbains, n’a pas fini de livrer ses secrets. « Nous avons fouillé trois couches sur moins de 50 centimètre­s de profondeur, alors qu’il y a près de six mètres de hauteur. Cette verticalit­é nous permet d’étudier l’évolution dans le temps, chaque couche représente une période », trépigne Thierry Tortosa.

Les avancées scientifiq­ues prennent également du temps. « Pour un mois de fouille, nous avons près de trois mois de travail en laboratoir­e, et encore au minimum quatre mois d’études », relate Yves Dutour. Résultats, les publicatio­ns scientifiq­ues qui découlent de ces recherches n’arrivent que plusieurs années plus tard. D’ailleurs, Thierry Tortosa promet quelques belles révélation­s dans les mois à venir, comme la présence d’un dinosaure qu’on ne pensait pas trouver ici.

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Une vingtaine d’oeufs et d’os sont retrouvés en moyenne par jour de fouille.

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