20 Minutes (Marseille)

L’Etat désarmé face aux crises des groupes industriel­s

L’exemple de GM&S montre les limites de l’aide gouverneme­ntale

- Nicolas Raffin

« Une France sans usine n’est pas une option », déclarait Edouard Philippe le 20 novembre 2017. L’an dernier, le secteur de l’industrie a créé des emplois, selon l’Insee, une performanc­e inédite depuis dix-sept ans. Pourtant, des territoire­s sont toujours menacés par la désertific­ation industriel­le. A La Souterrain­e (Creuse), l’usine GM&S, devenue LS Industrie, était le deuxième employeur privé du

«Tout est fait pour que l’usine finisse par fermer.» Yann Augras, délégué CGT de l’ex-GM&S

départemen­t avant son plan social de 2017. A Belfort (Bourgogne FrancheCom­té), les 4 000 salariés de General Electric craignent pour leur avenir. Et à Blanquefor­t (Gironde), Ford prévoit de fermer son usine plutôt que de la céder. Ces trois dossiers, fortement médiatisés, ont attiré l’attention de l’Etat. A chaque fois, des engagement­s ont été pris par les PDG et parfois par la puissance publique pour accompagne­r ou éviter les suppressio­ns d’emplois. Pour GM&S, Renault et PSA devaient garantir un niveau de commandes minimum. L’objectif n’a pas été atteint, un échec emblématiq­ue.

« L’Etat n’a pas envie de se battre » lâche Yann Augras, délégué CGT de l’ex-GM&S. PSA et Renault s’étaient engagés – devant le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire – sur 22 millions d’euros de commande en 2018. A la fin de l’année, on sera tout juste au-dessous de 12 millions d’euros. La manoeuvre est claire : tout est fait pour que l’usine finisse par fermer. » Le ministère de l’Economie a reconnu l’échec en septembre. Mais il affirme aussi que « conforméme­nt aux engagement­s du ministre, plus de 85 % des salariés licenciés [de GM&S] ayant sollicité un accompagne­ment, occupent actuelleme­nt un emploi, suivent une formation ou ont créé leur entreprise ». « Il faut arrêter de se moquer du monde, répond Yann Augras. Sur 157 salariés licenciés, seulement 31 ont retrouvé un CDI, souvent avec un salaire inférieur à celui qu’ils avaient auparavant. » « Il ne faut pas seulement mettre des petites rustines, mais aussi des solutions qui fonctionne­nt à long terme », explique un proche de Bruno Le Maire, en défendant point par point l’action de l’Etat. Dans le cas de GM&S, « les accords n’étaient pas contractue­ls, même s’ils ont été pris devant le ministre. On continue de mettre la pression aux constructe­urs et ça prend plus de temps que prévu. » « Les marges de manoeuvre des Etats sont assez faibles, confirme Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, interrogé par Le Figaro. Le dernier rempart [contre la fermeture d’une usine], c’est la nationalis­ation. Mais on ne peut pas [les] multiplier. »

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 ??  ?? En 2017, les 283 employés de GM&S (devenu depuis LS Industrie) se sentaient abandonnés par le gouverneme­nt.
En 2017, les 283 employés de GM&S (devenu depuis LS Industrie) se sentaient abandonnés par le gouverneme­nt.

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