Fallait-il vraiment interdire les fans de l’OM à Rome ?
Les fans de l’OM sont interdits de déplacement en Italie. Avant le match aller contre la Lazio, des affrontements avaient fait des blessés
Tous s’attendaient à un déplacement musclé. Le groupe Marseille Tout Puissant avait même décidé de l’interdire « aux femmes et aux mineurs ». Finalement, aucun bus ne partira de Marseille pour Rome, ce jeudi, pour soutenir l’OM, qui joue son va-tout en Ligue Europa face à la Lazio. Le ministère de l’Intérieur italien a décidé d’interdire la vente des billets à tout ressortissant français, car des affrontements en marge du match aller, à Marseille, ont fait plusieurs blessés.
« C’était une démonstration de force en vue du match retour. Les supporters romains qui sont venus à Marseille appartiennent à des petits groupes très dangereux, très violents. Ils sont arrivés la veille, armés, pour en découdre, et sont repartis avant le match, pour éviter les interpellations », estime Sébastien Louis, auteur du livre Ultras, les autres protagonistes du football. Selon ce spécialiste, l’interdiction de déplacement est toutefois « complètement injustifiée. Le Stadio Olimpico est un des plus sécurisés d’Italie, et le mouvement ultra à Rome est bien moins important qu’en 2005. »
« La spécialité des ultras de la Lazio, c’est le couteau ! » Sébastien Louis, spécialiste des ultras
A l’époque, de nombreux Marseillais avaient fait le déplacement pour un match de Ligue des champions. Des guets-apens avaient été organisés par les Romains, sans grand succès… Mais plusieurs véhicules avaient été endommagés et certains supporters olympiens menacés. « La spécialité des ultras de la Lazio, c’est le couteau », glisse Sébastien Louis. Pour l’historien, l’antagonisme qui oppose olympiens et laziale est double : « Il y a un contentieux purement ultra, qui date du vol d’une banderole par les Romains au début des années 1990. Une rivalité politique s’est ensuite superposée, avec des affiliations politiques très fortes du côté marseillais. » Et surtout très à gauche, quand les ultras de la Lazio chantaient eux « Duce, Duce, Duce », il y a quinze jours au Vélodrome. « On était très motivé pour ce déplacement, lance Marwen, membre du CU 84. Avec leur positionnement politique, très à droite et très raciste, il ne peut y avoir que du ressentiment de notre côté… » Lui aussi voit dans l’interdiction « un énorme aveu d’échec des autorités sportives ». « On avait l’habitude en France, mais jusque-là, on n’était pas trop mal loti en Europe », glisse Boris, lui aussi du CU 84. Comme il a déjà pris ses billets d’avion, il sera à Rome jeudi, mais il restera discret : « On ne portera ni écharpe, ni maillot, donc je pense qu’on ne sera pas repéré ! »