« Justice et dignité » demandées après le drame
Les militants de Noailles en colère s’organisent en vue d’obtenir « justice et dignité » pour les victimes
Ils ne se laisseront pas diviser. Contrairement à mercredi soir, lorsque les manifestants étaient obligés de se scinder en deux groupes sous les gaz lacrymogènes, à leur arrivée devant la mairie de Marseille. « La manifestation de la colère », a réuni 8 000 personnes selon la police. « Le collectif n’entend pas s’arrêter, et nous refusons de nous faire intimider », a déclaré Kaouther Ben Mohamed, une de ses membres. Le collectif Noailles en colère veut capitaliser sur leur démonstration de force pour obtenir « justice et dignité ». « Chaque collectif peut nous rejoindre afin d’élargir la mobilisation. Les signalements d’habitats indignes se multiplient. Pas seulement dans le centre-ville, également dans les quartiers Nord et les quartiers Sud », affirme Fathi Bouaroua, un autre membre. Noailles en colère réclame « des mesures d’urgence pour les victimes et les sinistrés alors que la mairie refuse de parler des 48 % d’immeubles insalubres dans le quartier ». Parmi leurs revendications, « un engagement par écrit de la prise en charge des obsèques des victimes par la mairie », « une diffusion de la liste des immeubles concernés par les analyses des experts, ainsi que leur planification », et « un relogement immédiat pour tous les évacués ».
Grande marche de la dignité
Ils ont prévenu : « Les politiques sont obligés d’écouter les habitants, ils ne peuvent plus les ignorer. En hommage aux victimes, nous ne lâcherons rien. » Las que la mairie se justifie en évoquant les délais des procédures, le collectif réclame des mesures immédiates. « Avec tous les arrêtés de péril pris ces derniers jours, il est possible de faire quelque chose immédiatement. Sans attendre l’audit réclamé par l’Etat qui pourrait être un enfumage », a réclamé Kevin Vacher, également membre du collectif. Pour eux, les responsabilités sont partagées : « On va faire en sorte de s’organiser pour que les habitants dénoncent leur bailleur, alors que la municipalité n’a rien fait. L’Etat aussi est capable de légiférer. Il faut être moins indulgent sur le manque de logements sociaux. » Le collectif se réunira dès samedi dans des groupes de travail. « Nous devons nous organiser, l’afflux de gens qui nous rejoignent, l’afflux de dons, en font une situation exceptionnelle. A mobilisation exceptionnelle, nous devons apporter une réponse exceptionnelle », prévient Kevin Vacher. Cette réponse devrait prendre la forme d’une « grande marche de la dignité ». « Elle pourrait réunir de nombreux collectifs et associations, mais aussi les habitants concernés par les évacuations », précise le collectif. La date de sa tenue devrait être annoncée en début de semaine prochaine.