Un accident industriel pour l’OM?
L’élimination prématurée en Ligue Europa peut avoir de lourdes conséquences
La honte. Un finaliste qui sort à la fin des poules avec, pour l’instant, trois défaites et un nul, c’est tout bonnement ridicule. D’un point de vue économique, c’est pire encore. « Cette élimination, c’est un véritable accident industriel pour le projet McCourt », soupire l’économiste du sport (et consultant RMC) Pierre Rondeau. Le manque à gagner est en effet important. Commençons par le plus logique : les dotations qui s’envolent. L’an dernier, l’OM avait empoché 23 millions d’euros pour son épopée jusqu’en finale. Cette année, sa participation aux phases de poules lui permet de toucher 3 millions, plus 3 millions de « primes au classement sur dix ans ». Rajoutez aussi les droits télé du premier tour, qui devraient représenter entre 3 et 4 millions d’euros, selon les premières estimations de bons connaisseurs du sujet. L’OM devra donc se contenter cette saison d’environ dix millions d’euros de dotations européennes.
« L’autre conséquence directe, ce sont les pertes en termes de billetterie et prestations VIP », embraie un autre économiste du sport, Virgile Caillet. L’an dernier, les matchs bouillants contre Leipzig et Salzbourg s’étaient en effet joués à guichets fermés, ou presque. Cette année, avec un match à huis clos complet, un match à huis clos partiel et une rencontre sans intérêt face à Limassol, l’OM ne vendra, au mieux, que 50 000 tickets européens. Plus inquiétantes, car plus durables, il faut maintenant lister les conséquences indirectes d’une élimination précoce. « L’OM est en position de faiblesse pour valoriser ses partenariats, reprend Virgile Caillet. Certains gros contrats, dont le partenariat maillot, arrivent à échéance en juin et l’OM doit les renégocier. On a plus de force de négociations quand on sort d’une finale et qu’on existe sur la scène européenne. » Son confrère Pierre Rondeau ajoute : « Pour les marques mondiales, la Ligue 1 n’existe pas : ils ne regardent que les compétitions européennes ! » L’OM a pourtant un besoin impérieux de liquidités : le club de Frank McCourt est sous surveillance de l’UEFA dans le cadre du fair-play financier. « Il y a une alarme de l’UEFA qui leur dit : “Attention à votre comptabilité !” », image Pierre Rondeau, qui estime que l’instance pourrait fixer, à moyen terme, « une obligation de résultats économiques à l’OM ». Dans ce cas, une seule issue : vendre des joueurs. Mais sans exposition européenne, les joueurs ont une valeur plus faible sur le marché des transferts. A moins que tous les recruteurs se précipitent devant la télé pour OM-Limassol…
«L’OM sera en position de faiblesse pour négocier ses contrats ! » Virgile Caillet, économiste