Un travailleur sur cinq risque de développer un trouble mental
«Je n’ai jamais entendu un patron du CAC 40 s’inquiéter pour la santé de ses salariés », ironise le psychiatre Patrick Légeron. Ce spécialiste a piloté une étude* sur la santé mentale des actifs pour la Fondation Pierre-Deniker, dévoilée lundi. Selon cette enquête, 22 % des actifs « présentent une détresse orientant vers un trouble mental » (dépression, addiction…). Une proportion plus importante chez les femmes (26 % contre 19 % pour les hommes), chez les aidants (28 % contre 19 % pour ceux qui n’ont pas cette responsabilité) et pour ceux qui effectuent plus d’une heure et demie de transport quotidien (28 % contre 21 % ).
La prévention à améliorer
«Cette objectivation va nous permettre d’orienter des actions, espère le psychiatre Patrick Légeron. D’autant que nous sommes dans la mauvaise moitié de l’Union européenne : 30 % des entreprises françaises ont mis en place une politique du bien-être contre 50 % en moyenne en Europe. Il faut que les entreprises sachent qu’un budget pour la prévention, ce n’est pas de l’argent gâché, mais économisé.» «Derrière ces chiffres, il y a des hommes, des femmes qui en pâtissent mais aussi des entreprises, rappelle Jean-Christophe Sciberras, DRH de Solvay. L’urgence est sociale et économique.»
* Etude Ipsos menée sur 3 200 actifs représentatifs de la population française et réalisée du 27 février au 6 mars sur Internet.