«C’est un défi permanent »
Arts Le président du musée du Louvre, Jean-Luc Martinez, se félicite du record mondial de fréquentation de l’établissement parisien
Un an après l’ouverture du Louvre Abu Dhabi et six après celle du Louvre Lens, le Louvre Paris s’apprête à fêter, en 2019, les 30 ans de la pyramide de Ieoh Ming Pei, et donc les 30 ans de la fin des travaux du Grand Louvre. Pour lancer cette année anniversaire, JeanLuc Martinez (photo), président du Louvre, pourra se targuer d’un record historique. Pour la première fois, le Louvre aura attiré, en 2018, plus de 10 millions de visiteurs.
Quels enseignements tirez-vous de la première année d’ouverture du Louvre Abu Dhabi ?
Là-bas, le Louvre rencontre des publics qu’on ne rencontre pas à Paris. Parmi les visiteurs, un peu supérieur au million, 40% résident aux Emirats et 60 % sont des touristes. Ce public est aussi constitué de personnes du sous-continent indien. Abu Dabhi prépare le futur de Paris et de l’Europe. Et le Louvre devra s’adapter à ces nouveaux publics ?
Bien sûr. le Louvre Abu Dhabi, qui couvre toutes les cultures et toutes les périodes de la préhistoire à l’art contemporain, est beaucoup plus universel que Paris. L’art asiatique n’est pas présent par exemple, or le deuxième public représenté au Louvre est le public chinois. En matière de programmation, d’expositions, il faut y penser.
Vous allez battre, en 2018, le record absolu de fréquentation d’un musée, avec 10 millions de visiteurs. Quelles sont les raisons d’un tel succès ? Plus que les raisons, nous devons analyser la manière de mieux accueillir ces visiteurs. C’est ça l’enjeu, audelà des records. Cette année, nous avons inauguré un nouvel accueil des groupes, une nouvelle bagagerie : ça marche. Ces travaux d’accueil ont permis d’éviter la saturation.
Une fois à l’intérieur, il y a pourtant souvent des embouteillages…
Les visiteurs restent en moyenne deux heures quarante au Louvre. Notre effort consiste à lisser les visites. Nous sommes aussi un musée ouvert de 9 h à 18 h, avec deux nocturnes les mercredis et vendredis. A partir de janvier, nous expérimenterons une nocturne le samedi, une fois par mois, gratuitement à partir de 18 h et jusqu’à 22 h. Ce qui change, ce n’est pas que ce soit gratuit, c’est l’accompagnement des visiteurs avec des médiateurs. C’est un défi permanent.
Depuis trente ans, la pyramide est le symbole de l’accueil du Louvre. Allez-vous fêter cet anniversaire ? Bien sûr. Le projet du Grand Louvre a été la transformation la plus extraordinaire qu’ait connue le palais. Intégrer l’audace de l’architecture contemporaine est une des clés de réussite du Louvre. En 2019, il y aura donc une programmation la plus populaire possible, avec des manifestations autour et sous la pyramide. L’année se terminera avec la grande exposition Léonard de Vinci.