« 50 % en moins dans la figure »
Entre manifestations et attentat, la saison est extrêmement difficile pour les santonniers installés sur le marché de Noël
« On morfle tous. » Derrière son stand, Jean-Claude ne mâche pas ses mots. Comme ses confrères, ce santonnier s’est installé sur le quai du Port à Marseille. Cette année en effet, le marché des santonniers et celui de Noël sont côte à côte, sur le Vieux-Port.
Mais cette année aussi, le marché de Noël et des santonniers a été la cible de débordements par des casseurs, en marge des manifestations organisées par les « gilets jaunes » et le collectif du 5-novembre. Les stands se trouvent à proximité immédiate de la mairie, lieu de convergences de plusieurs mobilisations le mois dernier. Pour des raisons de sécurité, le marché a donc fermé ses portes à de multiples reprises. « Nous, on a fermé plusieurs samedis, ce qui constitue les plus grosses ventes de la semaine, explique Nicolas, également santonnier. On fabrique toute l’année des santons, mais on les vend que sur deux mois. Donc c’est 50 % en moins dans la figure. Ça bouffe donc toute notre marge et ça met notre trésorerie en danger. Comment va-t-on faire ? Il va falloir aller voir le banquier en janvier. »
Renfort policier
Au lendemain de la fusillade mortelle de Strasbourg, les allées du marché sont clairsemées. « Entre les “gilets jaunes” et l’attentat de Strasbourg, la saison est difficile, soupire Jean-Marc, un autre santonnier. Les gens ne viennent pas. Ils ont peur. On vit dans un climat d’insécurité. On vend quand même des articles à caractère religieux. Des militaires sont passés ce matin, mais ce n’est pas suffisant. Pour endiguer le phénomène, la mairie, la chambre de commerce et d’industrie et la police ont en effet mis en place certaines mesures visant à sécuriser les lieux.
Depuis quelques semaines, des barrières ont ainsi été installées devant le marché. Un groupe WhatsApp baptisé « Alerte CCi » a également été mis en place, afin de mieux informer les commerçants. « Les jours de manifestation, un représentant de la CCI est intégré au PC sécurité, explique le commissaire divisionnaire Jean-Michel Hornus, conseiller auprès du préfet de police. Un texte est envoyé aux commerçants afin de les alerter en temps réel de la présence de casseurs, par exemple. »
« Compte tenu du contexte, nous avons déployé un tiers supplémentaire de policiers sur des zones qui nous paraissent exposées », ajoute Jean-Marie Salanova, directeur départemental de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône. Toutefois, aucune fouille n’est pour l’heure organisée. Ouverte le 17 novembre, la foire aux santons de Marseille doit fermer ses portes le 6 janvier.