» La poursuite du mouvement divise les porte-parole
Les porte-parole du mouvement se montrent divisés sur les réseaux sociaux quant à la poursuite des manifestations
L’attentat meurtrier à Strasbourg (lire p. 8) va-t-il influer sur la mobilisation des «gilets jaunes»? Depuis mercredi, la pression monte sur les manifestants pour qu’ils renoncent à « l’acte 5 » prévu samedi. Mais, pour l’instant, rien n’indique sur les réseaux sociaux une telle volonté.
Le nombre d’internautes qui disent vouloir manifester le 15 décembre est en hausse constante depuis les annonces faites par le chef de l’Etat lundi pour apaiser leur colère. Par exemple, l’événement Facebook « Acte 5 Gilets jaunes à Paris » comptabilisait jeudi 3800 participants et 26000 intéressés. Un autre événement appelait même à un «acte 8 : réveillon des gilets jaunes sur les Champs-Elysées» et attirait 3 600 participants et plus de 35000 personnes intéressées.
Les «gilets jaunes» «manifesteront samedi» à travers la France, ont déclaré jeudi plusieurs figures du mouvement. «Non seulement les gens» sont plus mobilisés « que jamais », mais, à la suite de l’allocution d’Emmanuel Macron, «des personnes qui ne participaient pas» au mouvement jusqu’ici « ont décidé de participer », relève Maxime Nicolle, alias Fly Rider. «Il y a un mois, le gouvernement disait : “On garde le cap.” Aujourd’hui, à notre tour de répondre : “On garde le cap”», affirme Priscillia Ludosky, l’une des initiatrices du mouvement.
Sécurité, économie...
Tous les protestataires ne partagent pas cette détermination. « On était déjà contre ces événements pour limiter l’entrisme des casseurs, rappelle au Parisien Benjamin Cauchy, l’un des porte-parole des « gilets jaunes libres», un collectif considéré comme modéré. On l’est encore plus aujourd’hui, car il faut laisser les forces de sécurité faire leur travail. Il faut poursuivre le dialogue social via les élus locaux. » Christophe Chalençon, autre porte-parole du collectif, confirme également un «acte 5», mais «en dehors des villes», en privilégiant des actions ciblées (barrages filtrants ou blocages de péage). Il invite aussi à «porter un brassard noir» en signe de deuil… Les annonces faites par le président de la République ont révélé certaines fractures au sein des «gilets jaunes». Parmi les figures du mouvement, Jacline Mouraud appelle à « une trêve». «Il y a des avancées, une porte ouverte. On a des commerçants prêts à mettre la clé sous la porte, on ne peut pas se rendre responsables d’une multitude de dépôts de bilan.»