20 Minutes (Marseille)

Une dangerosit­é qui grandit avec l’âge

Après la mort mercredi d’un joueur du Stade Français, revient la question de la dangerosit­é de ce sport

- Aymeric Le Gall

Trois morts dans le rugby français en quinze mois. Le dernier, Nicolas Chauvin, troisième ligne Espoir du Stade Français, est décédé mercredi soir au CHU Pellegrin de Bordeaux, après avoir reçu un double plaquage lors d’un match contre l’UBB. Face à ce tragique constat se pose une nouvelle fois la question de la dangerosit­é du rugby et, de fait, celle de la pertinence d’inscrire aujourd’hui son enfant dans un club. « Au vu de l’actualité, j’avoue que je me pose des questions et que ça me fait un peu peur, admet Sandra, maman d’un petit Adrien, quatre ans de rugby dans les pattes. Et ce d’autant plus que mon fils a été sélectionn­é en CPS (une sélection départemen­tale) le mois dernier. J’ai tenté de discuter avec lui, mais cela ne le préoccupe pas beaucoup... Moi de plus en plus, même si je fais confiance à ses éducateurs. » Alain Le Mao, responsabl­e de l’école de rugby du Paris Université Club (PUC), se veut rassurant : « Chez les plus jeunes, le but n’est pas de se rentrer dans la tronche ni de créer des rucks, l’objectif c’est de faire des passes, d’éviter les contacts frontaux, d’avancer. Il n’y a pas de volonté de démonter l’adversaire qui se retrouve en face. Ce n’est pas du tout ce qui est enseigné par nos éducateurs. »

C’est peut-être la clé du problème. Car si la pratique prônée par les éducateurs diffère en tous points de celle des plus grands, en accord avec le programme « bien joué » lancé par la FFR et qui interdit notamment les plaquages jusqu’à l’âge de 12 ans, le manque de cohérence d’un passage d’une catégorie d’âge à l’autre peut être violent.

Quelles actions de la fédé ?

« Le programme de la fédération française, c’est un début, mais ce n’est pas suffisant, appuie Jean Chazal, neurochiru­rgien spécialist­e des commotions dans le rugby. Car les trois morts dont nous parlons, ils n’étaient plus des enfants mais pas encore des adultes non plus. Qu’on interdise de plaquer avant 12 ans, c’est très bien, mais il faut se poser la question de savoir ce que l’on fait à 19 ans. C’est pour ça que je dis que les instances mettent la poussière sous le tapis. Eduquer les plus jeunes, c’est très bien, mais le jour où on va leur dire : “Maintenant tu peux plaquer, tu peux traverser le mur”, ben ils vont traverser le mur. Et il y aura encore d’autres morts. »

« J’ai tenté d’en discuter avec mon fils, mais cela ne le préoccupe pas. » Sandra, mère d’un petit Adrien

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Le jeune Clermontoi­s Samuel Ezeala, blessé le 7 janvier contre le Racing.

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