« Rarement le soutien de l’opinion publique a été aussi massif »
Depuis les annonces d’Emmanuel Macron lundi, de plus en plus de Français estiment que la mobilisation doit s’arrêter (ils sont, par exemple, 54% dans une enquête OpinionWay pour LCI). Mais l’adhésion au mouvement reste élevée. Ce qu’explique l’historien et sociologue des mouvements syndicaux Stéphane Sirot.
Le soutien de l’opinion publique aux « gilets jaunes » a-t-il été plus élevé que lors de mouvements sociaux précédents ?
Oui. Rarement il a été aussi massif. Souvent en France, il y a une certaine bienveillance, une courte majorité de soutien aux mouvements sociaux de salariés. Mais qu’il frise les 75%, c’est singulier. C’est peut-être parce qu’on est face à un soutien qu’on pourrait qualifier d’identification. Les sondés qui soutiennent les « gilets jaunes » sont des employés, des salariés médians, issus des petites classes.
Ce soutien a semble-t-il pesé dans le rapport de forces avec l’exécutif… Ces quinze dernières années, les mobilisations syndicales ont parfois dépassé le million de participants, sans obtenir ce qu’elles réclamaient. Les «gilets jaunes», eux, ont été entre 100000 et 300000 au fil des manifestations. Le rôle de l’opinion a joué. Comment expliquer que le mouvement n’a pas faibli, malgré les violences ? Habituellement, les violences entraînent une baisse du soutien de l’opinion publique. Il y a donc bien une adhésion qui s’est exprimée.