Face à la polémique, Arles défend Jeanne Calment
Face aux accusations d’usurpation d’identité, les habitants réagissent
« Ne bougez pas, le carton est juste là!» Aux archives municipales d’Arles, le dossier Jeanne Calment est en tête de gondole. Il a été consulté récemment, par un certain «Nicolas Zak». Nicolaï Zak, en fait, un mathématicien russe qui conteste la longévité de Jeanne Calment. Il a contacté les archives arlésiennes fin octobre. « On lui a envoyé de la documentation par mail», se souvient Sylvie Rébuttini, directrice des archives municipales. La fonctionnaire a découvert avec effarement les conclusions du scientifique russe : « Ici, ça ne fait aucun doute que Jeanne Calment est bien morte à 122 ans. De nombreux chercheurs ont authentifié son âge, une généalogiste est même remontée jusqu’au XVIIe siècle et a conclu que les Calment étaient très résistants aux épidémies et aux maladies ! » Sylvie Rébuttini se souvient aussi des nombreux contrôles administratifs effectués avant la mort de la «super centenaire » : « On vérifiait que toutes les dates collaient : acte de naissance, de mariage, recensements… » Ces contrôles ont permis d’établir que le certificat de naissance établi « en l’an mil huit cent septante-cinq» est bien celui de la dame de 122 ans qui a passé la fin de sa vie à la maison de retraite du Lac.
Catherine Levreau, désormais responsable du pôle gériatrie du centre hospitalier d’Arles, a « eu la chance de rencontrer ce phénomène». Auprès de 20 Minutes, la médecin revient sur les conclusions des chercheurs russes. « Pas vraiment sérieuses », selon elle : « L’idée de ce montage où elle se serait fait passer pour sa mère est absurde, scabreuse même! La famille Calment était très connue. Ils étaient commerçants, allaient à la messe tous les dimanches… Il aurait fallu que toute la ville d’Arles soit complice. Par ailleurs, les chercheurs évoquent des “incohérences” dans la forme de son visage… Il est évident que les traits du visage s’affaissent en vieillissant ! » La plus grande commune de France s’enorgueillit de la longévité de « sa » centenaire légendaire. « J’ai souvent des gens qui viennent me demander où elle est enterrée », sourit Nathalie, gardienne du cimetière de Trinquetaille. Elle espère qu’aucun scientifique ne viendra exhumer le corps de Jeanne Calment pour des tests ADN. Dans le cimetière, un homme vient fleurir la tombe de sa mère. Il s’arrête pour discuter et lève la voix, à son tour : « Jeanne Calment, c’est notre symbole. Notre légende, même… Alors ça me ferait mal d’apprendre que c’est un mythe.»
« Depuis le XVIIe s., les Calment sont résistants aux épidémies. » Sylvie Rébuttini, directrice des archives municipales