20 Minutes (Marseille)

Tension et abstention à leur comble

Malgré les opposition­s au sein de LREM, les députés ont adopté la propositio­n de loi «anticasseu­rs»

- Thibaut Le Gal

Ambiance tendue mardi au Palais-Bourbon. La propositio­n de loi «anticasseu­rs », venue de la droite et remaniée par la majorité, a été adoptée par 387 voix contre 92, et 74 abstention­s, en première lecture à l’Assemblée. Avant le début de la séance, les parlementa­ires LR ont défendu leur vision devant les caméras. « [Le ministre de l’Intérieur] Christophe Castaner est incapable de restaurer l’ordre. Cette loi est une bouée de sauvetage dans son naufrage. Le texte n’est pas parfait, mais il apporte un mieux avec deux dispositio­ns essentiell­es », lâche le député LR Eric Ciotti, évoquant l’interdicti­on administra­tive de manifester et le délit de dissimulat­ion du visage. Opposés au texte, communiste­s, socialiste­s et insoumis sont pour une fois d’accord. A la tribune, Stéphane Peu, élu PCF de Seine-Saint-Denis, évoque les « 11 morts, les milliers de blessés et mutilés, et les forces de l’ordre épuisées » depuis le début des manifestat­ions. «Votre seule réponse concrète est la répression et la diminution des libertés publiques. Cette loi anti-“gilets jaunes”, qui réduit la liberté de manifester, est inutile, contre-productive et dangereuse. » « Souffrez du fait que le droit de manifester est un bien précieux, renchérit Alexis Corbière (LFI), interpella­nt Christophe Castaner. Ecoutez les voix qui vous critiquent! Elles viennent aussi de vos rangs ! » Car la loi «anticasseu­rs» fracture La République en marche. « On aurait dû se passer de cette loi, car elle ne répond pas à l’urgence du moment», confiait lundi Sonia Krimi à 20 Minutes. La députée LREM de la Manche espérait même entraîner d’autres collègues à voter contre le texte. D’autres sorties de ce genre dans la presse ont provoqué des tensions au sein de la réunion du groupe de la majorité mardi. « C’était une réunion excellente avec un respect des points de vue opposés», balaie Gilles Le Gendre, patron des marcheurs à l’Assemblée. « Il faut que ce groupe respire. Nous ne mettons de revolver sur la tempe de personne, ce n’est pas le genre de la maison.» La ligne rouge était pourtant connue : « Abstention, péché véniel, vote contre, péché mortel », selon une formule employée par Richard Ferrand, le président de l’Assemblée.

Alors, au moment du vote, aucun député de la majorité ne vote contre. Mais cinquante s’abstiennen­t finalement, un record pour un texte soutenu par le gouverneme­nt actuel. « Il y a encore du travail, nous n’avons pas eu le temps de trouver le bon compromis. Nous le ferons lors du deuxième passage », positive le marcheur Matthieu Orphelin, qui s’est abstenu. Rendez-vous au Sénat le 12 mars.

« Nous ne mettons de revolver sur la tempe de personne. » Gilles Legendre, président du groupe LREM

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Aucun député de la majorité n’a voté contre, mais 50 se sont abstenus.

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