20 Minutes (Marseille)

Plus belle la ville moyenne

Selon un sondage Ipsos pour Villes de France, 43% des Français préfèrent vivre dans une commune de taille intermédia­ire. Pourtant, ces habitants se plaignent d’être abandonnés par l’Etat.

- Laure Cometti

Les Français des villes moyennes sont-ils plus heureux que ceux des métropoles ? Il semblerait, selon une enquête* d’Ipsos pour Villes de France (une associatio­n d’élus de communes et d’agglomérat­ions de taille inframétro­politaine), publiée ce mercredi.

Sentiment d’abandon

«La tranquilli­té, le calme», le «sentiment de sécurité », la « proximité de la nature », l’« offre de transport » et le « cadre de vie urbain et paysager » sont les cinq critères que les Français recherchen­t le plus. Sur tous ces critères, les habitants des villes moyennes affichent les taux de satisfacti­on les plus élevés, sauf pour les transports. Pour 32 % des sondés, la taille idéale d’une ville « pour y vivre » est comprise entre 5 000 et 30 000 habitants. Ils sont 43 % à préférer vivre dans une ville moyenne, contre 35 % dans une commune rurale et 22 % dans une grande ville. Mais cela aurait peu d’impact sur la démographi­e de ces villes. «Leur croissance est moins intense que celle des métropoles. Certaines villes moyennes perdent même des habitants, comme Nevers ou Forbach », observe Frédéric Santamaria, maître de conférence­s en aménagemen­t de l’espace et urbanisme à l’université Paris-Diderot. Comment l’expliquer ? L’étude révèle que les habitants des villes moyennes perçoivent leur territoire comme moins attractif en matière d’emploi. Ils ont également le sentiment que l’offre en matière de santé et de services publics s’est dégradée. Derrière cette perception, il y a une « réalité incontesta­ble », selon Frédéric Santamaria. « Dès les années 2000, les gouverneme­nts ont mis en place une révision générale des politiques publiques, et les grands services publics ont connu une diminution assez forte, qui a principale­ment touché les villes de moins de 50 000 habitants. Cela concerne particuliè­rement la justice et la santé : concrèteme­nt, des tribunaux ont fermé, des lits ont été supprimés dans des hôpitaux, quand ce ne sont pas des établissem­ents entiers qui ont fermé », poursuit le spécialist­e des villes moyennes.

Les Français interrogés ont le sentiment que les villes moyennes ne sont pas privilégié­es par les politiques publiques. Les « chouchous » seraient les métropoles et Paris. « Ce n’est pas très étonnant qu’elles se sentent un peu hors jeu, surtout quand, en parallèle, des investisse­ments massifs sont faits, par exemple pour le Grand Paris Express », appuie Frédéric Santamaria. Il nuance toutefois : « Des recherches montrent qu’une “redistribu­tion silencieus­e” s’opère, des territoire­s productifs vers les moins productifs, grâce au système de santé et de retraites. »

* Réalisée par Internet via le panel Ipsos sur la période du 23 au 30 octobre, auprès de 1 600 Français résidant dans des zones rurales, des villes moyennes, des métropoles et dans Paris et la première couronne.

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Aux Herbiers (Vendée), le 16 avril 2018.A nos lecteurs. Jeudi 14 février, retrouvez «20 Minutes» en version PDF sur le site et les applicatio­ns mobiles. Et suivez l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
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Bien qu’appréciées, des villes moyennes (ici Nevers) perdent en population.

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